Essai

L’intervention armée peut-elle être juste ?

Aspects moraux et éthiques des petites guerres contre le terrorisme et les génocides

vendredi 30 novembre 2007, par France-Isabelle LANGLOIS

Les éditions Fides viennent de publier, dans la collection Points chauds, un ouvrage fort intéressant qui fait réfléchir. L’intervention armée peut-elle être juste ? interroge le titre de l’ouvrage. Avis à ceux qui pourraient être tentés de répondre rapidement oui ou non : ces deux réponses sont à la fois vraies et fausses. Cette question et le problème qu’elle pose sont tout sauf simples.

Neuf collaborateurs, experts canadiens et européens sur les questions relatives aux interventions armées y proposent huit articles sur les « aspects moraux et éthiques des petites guerres contre le terrorisme et les génocides ». Perspectives éthiques, politiques, philosophiques et légalistes s’entrecroisent et parfois s’entrechoquent. Si pour les sociétés occidentales du XXIe siècle, y compris pour ses hommes et ses femmes politiques, aussi ultra conservateurs soient-ils, il est désormais difficile d’avoir ouvertement une position en faveur de la guerre (du moins dans son acceptation traditionnelle qui eut cours jusqu’au début du XXe siècle), il n’est pas plus aisé d’être totalement contre. Et si une intervention armée faisait en sorte de sauver des milliers de vies tout en améliorant le sort des habitants du territoire visé autant en termes de niveau de vie que de droits humains pour les décennies à venir ? Et ce, même si au départ les justifications avancées en faveur de l’intervention armée ne nous semblaient pas honnêtes ? Pour ou contre le devoir d’ingérence ? Où se situe la ligne rouge séparant un conflit juste d’un autre qui ne l’est pas ? Qui détermine cette ligne ? Est-ce que certaines vies méritent plus que d’autres d’être sauvées ?

Les articles composant l’ouvrage ont pour la plupart été écrits avant que le Canada ne s’embourbe dans la région de Kandahar en Afghanistan et que les passions se soulèvent au Québec comme ailleurs au pays. L’Afghanistan fait donc peu ou prou partie des exemples avancés. Il y est plus question de l’Irak, du Rwanda ou encore de l’ex-Yougoslavie. Mais au fond, cela importe peu, car ces cas de figure ne constituent que des exemples pour appuyer les différents dilemmes rencontrés lorsqu’on se demande si une intervention armée peut être juste. Les auteurs ne prennent pas position dans un sens ou dans l’autre, se bornant à constater que « l’intervention armée se conjugue de multiples façons aujourd’hui ». Et que « les débats sur l’utilisation mesurée, raisonnée et humaniste de la violence ne signifient pas que l’on accepte la victoire du mal. Au contraire, ces débats n’auraient pas lieu si on ne se dirigeait pas vers un monde plus pacifique, plus juste et plus libre. » Bref, il ne suffit pas de crier au génocide ou au fascisme pour intervenir, comme il ne suffit pas de crier à l’impérialisme pour ne pas intervenir ou se retirer d’une intervention armée.


Sous la direction de Jean-François Rioux, Éditions Fides, Montréal, 2007, 280 pages.

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