L’environnement sous silence

dimanche 13 mai 2012, par Jacinthe Leblanc

L’attention médiatique étant tournée sur la grève étudiante, les « attentats » du métro et le procès-déjà-fait des quatre étudiant-e-s (avec la complicité des forces policières, du grand public et des médias de masse), les enjeux environnementaux passent dans le beurre avec succès !! Stratégie libérale ou oubli social ?

Le danger du nucléaire

Combien d’entre vous savez qu’il y a deux semaines, précisément le 2 mai dernier, la centrale Gentilly-2 a dû être évacuée pour cause de fuite d’eau lourde ? Même si ce cas est considéré comme un incident mineur, une grande partie de la population québécoise est contre la réfection de la centrale nucléaire basée à Bécancour. Même le gouvernement, pendant un certain temps, a laissé croire qu’il ne voulait pas la remettre en marche. Pourtant, le dernier budget du gouvernement Charest prévoit du financement pour sa réfection…

Il est quasi impossible de contrôler une catastrophe nucléaire. Le triple incident à Fukushima au Japon l’année passée nous l’a malheureusement bien rappelé. Aucun gouvernement, aucune industrie, aucun individu ne peuvent dire que sa centrale est meilleure que les autres et que rien n’arrivera. Un tel comportement prouve la mauvaise compréhension (ou la mauvaise foi) de la gestion des risques ! D’autre part, la gestion des déchets nucléaires pose toujours un sérieux problème. La radioactivité fait de l’énergie nucléaire une filiale dangereuse pour tous les êtres vivants. L’univers du nucléaire pose plusieurs autres problèmes pour les groupes écologistes, comme le Mouvement Sortons le Québec du nucléaire et les CentricoisEs et MauricienNEs pour le déclassement nucléaire, et les citoyens résidant à proximité des centrales.

La malédiction du Plan Nord

Outre par les manifestations qui ont mal tournées les 20 et 21 avril 2012 et la très mauvaise blague de Jean Charest au Salon du Plan Nord (j’en profite pour souligner que le premier ministre s’est montré vraiment, mais vraiment méprisant envers les communautés locales et autochtones du Nord avec sa blague qui a bien fait rire les industries et la classe d’affaires), combien d’entre vous êtes au courant des avancements du Plan Nord et de ses impacts environnementaux ? Êtes-vous au courant que présentement, il y a des possibilités que le Québec ouvre sa première mine d’uranium à Mistassini, le projet Matoush ? Ce dernier a été perçu comme « acceptable socialement » et les paliers provincial et fédéral autorisent l’exploration. Est-ce nécessaire de rappeler la lutte ardemment menée et gagnée par les citoyen-ne-s de Sept-Îles (Sept-Îles sans uranium, SISUR), appuyé-e-s par un groupe de médecins mettant en garde le gouvernement contre les impacts de l’exploration et l’exploitation d’une mine d’uranium dans la région ?

Savez-vous aussi que les nouveaux barrages hydroélectriques prévus ne sont pas nécessaires ? Il y a un surplus d’électricité ! Les industries profitent du tarif L (le tarif industriel) quand leurs besoins sont en dessous de 50MW. Pour les industries plus énergivores, il est possible de s’entendre avec le gouvernement pour profiter quand même de ce tarif avantageux ! Il est déjà démontré que le projet de la Romaine n’est pas rentable, notamment par le documentaire Chercher le courant de Nicolas Boisclair et Alexis de Ghelder. Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal, a démontré, pendant sa présentation à un colloque sur le Plan Nord dans le cadre de l’Acfas, que les projets envisagés par Hydro-Québec sont encore moins rentables que la Romaine ! Déjà qu’Hydro-Québec est de moins en moins transparente, beaucoup de questions sont soulevées à propos des questions énergétiques et économiques. Et ces questions restent sans réponses…

Sans faire un billet critique sur le Plan Nord, il y a beaucoup trop de questions, peu de réponses et énormément d’inquiétude. Au Forum Plan Nord à Québec, les 2 et 3 mai, de nombreuses communautés autochtones ont (ré)affirmé leur refus du projet néolibéral de développement industriel. Les femmes innues qui ont marché de Uashat-Maliotenam à Montréal étaient présentes. Elles ont eu droit à au moins deux ovations. Ces femmes méritent le respect de tous et toutes. Elles méritent qu’on les respecte et qu’on les écoute. Leur marche ne doit pas passer sous silence et l’État provincial ne doit pas continuer de les ignorer.

Les consultations, dont le gouvernement est si fier, sont, à mon humble avis, un processus bidon. On ne peut pas consulter une minorité de gens sur un projet aussi important, surtout par des tables de partenaires dont les représentant-e-s sont choisi-e-s par le gouvernement lui-même. À ce propos, précisons que le secteur « environnement » a refusé de signer la déclaration des partenaires.

Tout est croche dans le Plan Nord. Cette décision politique doit être cassée. Et je le dis en toute solidarité avec les communautés locales et autochtones qui se battent pour le respect du Nitassinan.

À venir…

À ne pas minimiser : les différentes campagnes contre les projets gaziers et pétroliers, en particulier en Gaspésie et à l’île d’Anticosti, la lutte contre la fracturation hydraulique, les changements climatiques, les liens douteux entre les industries minières, pétrolières et gazières avec le pouvoir politique à Québec, l’enthousiasme gouvernemental envers l’exploitation de l’amiante, et j’en passe ! Les groupes écologistes vont continuer à se battre face au modèle néolibéral capitaliste, tout en proposant des alternatives viables et respectueuses des écosystèmes dans l’espoir d’une société écologique.

Il devient de plus en plus urgent de mettre le gouvernement actuel à la porte et de se doter de personnes intelligentes motivées par de bonnes valeurs plutôt que par des intérêts économiques. Et ces gens-là existent. On les retrouve dans les comités citoyens, dans les groupes écologistes, dans les groupes d’actions communautaires autonomes, dans les groupes féministes, dans le mouvement étudiant…

La lutte n’est pas finie, continuons le combat !

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Crédit photo : Dominic Gendron

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