L’entreprise haineuse d’Éric Duhaime

lundi 10 juin 2013, par Michel LAMBERT

Éric Duhaime et sa haine totale de quoi que ce soit s’approchant de près ou de loin de la notion de bien commun est partout. Sur TVA, Sun NEWS, Radio X et sur divers blogues, on le voit, l’entend ou le lit pourfendre les groupes communautaires, les associations de femmes, les organisations de travailleurs ou encore étudiantes. Partout où les privilèges d’une minorité aisée sont à préserver, Éric Duhaime profite d’une des plus incroyables machines de propagande médiatique - Québécor Media - pour condamner toutes luttes sociales, secourir les prérogatives des mieux nantis et surtout, tristement promouvoir l’individualisme le plus pathétique.

Que les riches et célèbres qui partagent ses opinions intolérantes et dogmatiques le soutiennent à grands frais passe encore, quoique difficilement, mais l’ensemble devient très indigeste quand on se rend finalement compte que ce fiel fanatique avec lequel la très grande majorité des Québécois et Québécoises est en désaccord est en réalité financé à même nos impôts. Et si on disait : « ASSEZ ! » ?

Écologiste 0.0
Opportuniste, Éric Duhaime s’est récemment mis à l’écologie. En fait pas vraiment. Il profite plutôt des débats actuels sur les sables bitumineux pour promouvoir, sans la moindre nuance qui indiquerait une quelconque indépendance de point de vue, les positions d’un secteur pétrolier déjà milliardaire, et lui aussi très largement financé via nos impôts par le gouvernement conservateur de Stephen Harper. Que les changements climatiques atteignent déjà un niveau irréversible, il n’en a pas cure. Que l’exploitation du pétrole albertain soit à elle seule le projet le plus polluant de la planète, ça reste sans effet pour lui. Que le Québec ait aujourd’hui les moyens et la capacité de s’orienter vers des énergies durables, il n’en a rien à foutre.

Sur cet enjeu comme sur tous les autres, Éric Duhaime n’a pas de personnalité propre. Il n’est qu’un porte-voix dynamisé par Québécor Média au service de la plus grande poche. Et devant eux, toute personne ou groupe, qui envisagerait d’avoir ou de faire valoir une position différente, doit être écarté, discrédité, injurié, vilipendé, attaqué, outragé... Les jeunes qui ont récemment reçu des injonctions pour avoir servi à Duhaime et ses employeurs de Radio X leur propre médecine savent bien de quoi on parle.

Juge et Bourreau !
Récemment, Éric Duhaime publiait dans le Toronto Sun son classique annuel d’insultes mensongères sur Alternatives et, notamment, sur notre Festival des solidarités. Ce dernier palabre stérile « dénonçait » des argents provenant du gouvernement canadien - que nous ne recevons PAS - et la récente contribution du Fonds de solidarité à ce festival, une contribution représentant moins de la moitié de 1% des budgets d’éducation de notre organisation.

Ici, on utilise la désinformation, un classique des chroniques de droite. Duhaime est juge et bourreau. Il prétend un hypothétique financement public fédéral pour ensuite s’élever contre ce système « laxiste » qui permettrait justement qu’on le reçoive. Même soutenu par des milliers de citoyens, une action qui vise à porter des politiques de développement durable pour les générations futures serait ainsi illégitime. C’est l’approche fondamentale et très dangereuse du Gouvernement Harper qui implique que chaque dollar d’impôts devrait être utilisé en appui à la politique du Parti Conservateur !!

Qui paye pour le venin d’Éric Duhaime ?
Ce qui est réellement ironique et troublant ici, c’est qu’Éric Duhaime et Québécor Média, eux, sont bien financés par nos impôts. On parle ici de millions !
Les États financiers du Groupe TVA (terminé le 31 décembre 2012) par exemple sont très clairs sur le fait que la société reçoit des sommes importantes en subvention et crédit d’impôt (ces derniers accordés notamment par la Société de développement des entreprises culturelles - SODEC) pour la production et la diffusion de contenu.
En 2010-2011, les publications de TVA (TV Hebdo, lundi, 7 Jours, Échos vedettes, etc.) ont en effet reçu un total de 3,9 millions de $ de la part du Fonds canadien pour les périodiques. Puis, il y a le Fonds pour l’amélioration de la programmation locale, le Programme d’aide relatif aux productions d’émissions, et bien d’autres. Des sommes non négligeables auxquelles viennent se greffer les contributions du Fonds des médias, un partenariat public-privé auquel Ottawa contribue à hauteur de 40 %, et qui verse, chaque année, des sommes importantes aux télédiffuseurs comme TVA et Sun TV. La chaine TVA, à elle seule, a reçu 18,5 millions $ en 2010-2011.

Dans un article paru sur le Journal des alternatives en novembre 2011, Émilie Couture-Brière rappelait une histoire révélatrice sur le PDG de Quebecor, Pierre-Karl Péladeau, qui ne s’est jamais caché de l’importance des subventions gouvernementales à son entreprise. Le 14 juin 2010, dans une lettre à l’Honorable James Moore, ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles, il le menaçait de poursuivre le Gouvernement fédéral s’il ne changeait pas les critères d’admissibilité au Fonds des médias du Canada, afin que des émissions comme Star Académie reçoivent leur enveloppe de subventions.

Une entreprise haineuse soutenue par les fonds publics
Éric Duhaime est un extrémiste radical de droite soutenu par une entreprise dont les multiples ramifications vivent aux mamelles de l’État. Son action en vue d’empêcher que des groupes de citoyens puissent bénéficier de l’appui de l’État ou d’organisations du mouvement syndical, qu’il conspue par ailleurs, est inacceptable. Qu’il exprime ses positions réactionnaires sur l’économie, la politique ou la société sur les tribunes qui partagent son point de vue est une chose. Que nous financions conjointement une entreprise haineuse à l’encontre des droits et des mouvements sociaux n’est tout simplement pas acceptable !

Ni Pierre-Karl Péladeau, ni Stephen Harper n’ont retourné nos appels quant à savoir pourquoi ils soutiennent Éric Duhaime.


Voir en ligne : Participez au Festival des solidarités

À propos de Michel LAMBERT

Co-fondateur en 1994 puis Directeur général d’Alternatives entre 2007 et 2020, Michel Lambert fut Président de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale de 2017 à 2020. Il a travaillé au rapprochement des groupes et organisations de la société civile, d’ici et d’ailleurs pour la promotion des principes de la démocratie, de l’égalité et de l’équité pour tous.

Il a tour à tour développé plusieurs des programmes de solidarité internationale d’Alternatives en plus de lancer et animer de multiples campagnes de justice sociale au Québec et au Canada. Il a dirigé l’antenne d’Alternatives en République démocratique du Congo entre 2002 et 2005 avant de prendre la direction de l’organisation en 2007.

Michel Lambert fut membre du Conseil de Gouvernance d’Alternatives International , du Conseil d’administration d’Alliance syndicats et tiers-monde. Il a aussi été membre des Conseils de l’AQOCI entre 2009 et 2013, de l’Association pour le progrès des communications (APC) entre 2008 et 2011 puis entre 2017 et 2020 et de Food Secure Canada entre 2009 et 2012

Il a représenté Alternatives au Conseil International du Forum social mondial et au sein de diverses coalitions québécoises et canadiennes dont notamment, les coalitions Pas de démocratie sans voix, Voices/voix. le Réseau québécois de l’intégration continentale - RQIC et plus récemment au comité de coordination du Front commun pour la transition énergétique .

Michel Lambert a joué un important rôle de mobilisation et de construction lors du Forum social des peuples tenu à Ottawa en août 2014 .

En 2018, il confondait Cultiver Montréal, le réseau des agricultures montréalaises.

En 2020, il a contribué à la création du FISIQ, le Fonds d’investissement solidaire international du Québec.

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