Roman

L’enterrement de Lénine

Serge Bruneau, XYZ éditeur, 2006, 208 pages.

jeudi 2 novembre 2006, par Ariane LAFRENIÈRE

Après quatre années de cohabitation tumultueuse avec sa mère Alicia, Charlotte décide de mettre un terme à cette relation étrange qu’elles entretiennent. À la veille de ses seize ans, elle retourne chez son père Mathieu pour s’éloigner de cette mère froide, rêveuse, instable et frondeuse qui est plus intéressée à sa carrière de chanteuse qu’à sa fille.

À travers l’œil de cette adolescente peu encline à la compassion, l’auteur Serge Bruneau scrute les adultes et l’étrange tendance qu’ils ont à ressasser le passé. L’interrogation principale de l’auteur et de Charlotte : pourquoi les êtres humains s’attachent à des personnes qui ne le méritent pas ? Par la voix de Mathieu, Serge Bruneau tente de répondre à cette question qui préoccupe tellement Charlotte.

« Ce qui m’agaçait, c’était de voir tous ces adultes qui semblaient avoir une sorte de feu au cul qui les menait à leur propre perte. [...] Je ne pigeais pas et je me rendais bien compte que je n’avais pas encore touché les profondeurs de la vie. »

Malgré tout ce qu’elle affirme, Charlotte a le cœur rempli d’une rage vive, mais également d’une rage de vivre. C’est pourquoi elle reste stupéfaite devant l’attitude de son père envers Alicia. Envoûté par cette femme, Mathieu accourt à chacun de ses appels même s’il sait très bien qu’il n’a rien à attendre d’Alicia en retour. Cette dévotion à sens unique est aussi présente dans le couple d’Adam et Simone, les éternels voisins et amis de Mathieu. Malgré les tromperies, les mensonges et les nombreuses maîtresses d’Adam, Simone s’entête à garder vivante cette relation qui la tue à petit feu.

Et Lénine dans tout ça ? Charlotte compare l’attitude de ces adultes qui cherchent à préserver le passé au peuple russe qui refuse que le corps de Lénine soit enterré. « C’est ça qui est dégueulasse, l’incapacité à passer à autre chose, de cracher sur le passé quand il nous embarrasse et nous déçoit. »

À travers ce journal où le père et la fille crachent leur mal de vivre, Serge Bruneau expose la lâcheté des êtres humains à prendre des décisions et à affronter la réalité. Un roman où les mots sont vifs et portent à la réflexion.

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