
Arundhati Roy s’est découverte au grand public en 1997 avec la publication de son premier roman, Le Dieu des petits riens, gagnant du prestigieux Booker Prize la même année. Un roman bouleversant qui met en scène la société indienne à travers ses paradoxes, ses beautés et ses injustices.
Depuis 1998, Arundhati Roy n’a eu de cesse d’écrire des articles et de courts essais, engagés, militants. Et voilà que ses écrits ont été traduits et rassemblés dans un recueil sous le titre L’écrivain-militant. Loin, très loin de la langue de bois, l’écrivaine accuse et condamne. S’appuyant sur une enquête et sur l’étude de nombreux documents de tous acabits, elle prend principalement position sur les questions environnementales et le conflit « nucléaire » qui oppose l’Inde à son voisin, le Pakistan.
Dans son texte « Pour le bien commun », la militante retrace avec force détails l’épopée des grands projets hydrauliques en Inde depuis l’indépendance. Détournements de rivières, assèchement des eaux, inondations des terres cultivables et ancestrales, anéantissement de villages entiers, déplacements de populations condamnées à vivre de mendicité et de petits boulots. Complicités des gouvernements provinciaux et fédéral, des multinationales, des institutions financières internationales, des États-Unis, de l’Occident. Impacts terribles sur les populations, l’environnement, l’écosystème, les ressources alimentaires.
Aujourd’hui, Arundhati Roy, par ses écrits mais aussi ses conférences et autres interventions médiatiques, est devenue une figure de proue du mouvement altermondialiste. Déjà en 2003, au Forum social mondial (FSM) de Porto Alegre, elle était l’une des grandes personnalités invitées. Cette année, alors que la quatrième édition de ce grand rassemblement s’est tenu en Inde, plus que jamais l’écrivaine engagée en aura été l’incarnation. On se prend à rêver qu’il y en ait plus de ces figures emblématiques, droites, cohérentes, mobilisatrices.