L’ange de Grozny
Åsne Seierstad, JC Lattès, 2008, 300 p.
Dans L’ange de Grozny, la journaliste norvégienne Åsne Seierstad retourne en Tchétchénie, un des pays les plus dangereux du monde, pour revoir, revivre et témoigner. En 1995, elle couvre l’invasion russe de la Tchétchénie pour les médias scandinaves, risquant sa vie quotidiennement. Elle y retourne en 1999 lors de la deuxième guerre de Tchétchénie. En 2006, elle ressent le profond désir de revisiter ce pays aujourd’hui oublié du monde et qui peine à se relever de ces années de conflit contre le pouvoir russe. Elle donne ici une voix aux victimes de la guerre, héritiers et survivants de la violente histoire du Caucase.
C’est un récit de la folie, de la misère et de la perte ; perte de la patrie, de la famille et de la langue. L’ange de Grozny, c’est Hadizat, une Tchétchène qui recueille les orphelins de la capitale et leur offre le gîte, la nourriture, et tout l’amour nécessaire pour panser les plaies béantes de leur vie. D’une jeune femme violée et emmurée dans le silence, au jeune garçon échappé de l’emprise de son oncle tortionnaire qui tue des chiens errants, Seierstad raconte la vie à distance de bras en partageant leur quotidien et en glissant adroitement entre leurs éclats des fragments de la grande Histoire. Elle nous aide à mieux comprendre ce pays de montagnes, et ce peuple qui a été déporté par Staline, envahit par Eltsine et qui est maintenant asservi par Poutine.