
« Le trait marquant de la désintégration yougoslave, ce qui la distingue de celles de la Tchécoslovaquie et de l’URSS, se trouve dans les guerres qui l’ont accompagnée », écrit Lukic dans L’agonie yougoslave. L’auteur explique que la propagande mensongère de Milosevic a camouflé des guerres de conquête territoriale en guerres ethniques ou religieuses. Ignorante et désorientée, la communauté internationale confondait et confond toujours l’origine des conflits successifs : Slovénie, Croatie, Bosnie, Kosovo et Macédoine.
Dans son livre qui se dévore comme un thriller, Lukic interprète la déconstruction de la fédération multiethnique par l’émergence de nouveaux États-nations désireux de mettre fin aux hégémonies communistes et à la domination grand-serbe. La Slovénie et la Croatie, premières républiques à se prévaloir du droit de sécession, voulaient accéder à la démocratie tout en préservant leur identité nationale.
Lukic constate que les citoyens n’aimaient pas se déclarer Yougoslaves - 1,3 % en 1971, 3 % en 1991 - choisissant « leur nationalité pour désigner leur appartenance nationale (Serbe, Croate, Slovène) ». Si le pays constituait un État fort, les républiques ne se sont jamais amalgamées en une nation forte.
En plus de brosser un tableau clair de l’histoire de chaque entité constituante, Lukic tient son lecteur en haleine jusqu’aux plus récents développements de l’espace politique post-yougoslave.