L’Empire, la démocratie, le terrorisme.
Eric J. Hobsbawn. Édition André Versaille/Le Monde diplomatique. 2009. 178 pages (traduit de l’anglais par Lydia Zaïd).
L’historien britannique Eric J. Hobsbawn vient de publier un recueil de conférences prononcées au cours des dernières années sous le thème de L’Empire, la démocratie et le terrorisme. L’auteur d’une série d’ouvrages sur le capitalisme et la modernité poursuit sur les enjeux du XXIe siècle un peu comme il l’avait fait lors de ses entretiens avec Antonio Polito en 2001.
Ces courts textes, qui portent sur des thématiques comme la guerre et la paix, l’avenir des empires mondiaux, les mutations du nationalisme, la démocratie ou encore la violence et le terrorisme, sont traités dans une perspective historique pour mieux comprendre les défis politiques du XXIe siècle. Reconnu pour ses sympathies marxistes, l’historien ne tergiverse pas sur les convictions qui habitent ses analyses, lesquelles sont motivées « par une hostilité à l’impérialisme, que ce soit celui des grandes puissances, qui prétendent agir pour le bien des victimes, de leurs conquêtes, ou celui des Blancs, qui tiennent pour acquis leur supériorité et leur droit de décider pour les peuples d’autres couleurs ».
Pour Hobsbawn, il est clair que les empires qui ont porté les espoirs de la « Pax » l’ont toujours fait dans leur propre intérêt, et que la débâcle actuelle de la « pax américaine » en Afghanistan et au Moyen-Orient représente ni plus ni moins la fin de l’Empire. L’auteur juge que l’Occident sera perdant à vouloir imposer aux autres sa conception de la démocratie, fragilisant ainsi les acquis du modèle républicain. Particulièrement critique à l’endroit du libre marché et des inégalités engendrées à sa suite, l’historien rappelle comment la mondialisation néolibérale mine les acquis des travailleurs dans les pays occidentaux en exploitant tout particulièrement la main-d’œuvre des économies émergentes, véritable « armée industrielle de réserve » comme l’a déjà qualifiée Marx.