Avec une vingtaine de pays africains présents, ce FSA prend tout de suite une dimension continentale. Certains pays sont fortement représentés tel que le Niger, le Bénin, le Togo, la Côte d’ivoire ou encore le Nigeria. Notons ici que cette forte présence est due à une initiative, souvent tentée mais rarement réussie, à savoir l’organisation de plusieurs « caravanes » itinérantes. Les autres pays africains présents sont notamment : le Mali, le Sénégal, le Maroc, l’Algérie, le Burkina, la Zambie, l’Afrique du Sud, le Kenya. De leur côté, les organisations du Nord semblent être assez peu présentes. Notons également la participation de pays tels que l’Inde et le Venezuela.
A la fin de la manifestation, un Meeting d’ouverture s’est tenu avec comme intervenants : Moussa Tchangari (Alternative Niger), Taoufik Ben Abdallah (Secrétariat FSA), Aminata Traoré (Coordinatrice Caravane), Mohau Pheko (Voix des Femmes), Ibrahim Diori (Coordinateur Campement Jeunes). Les discours, globalement anti-impérialistes et pan africanistes, restent trop souvent optimistes sur l’élection d’Obama (« le monde a changé ! »), et beaucoup trop peu anticapitalistes. La soirée s’est terminée par une série de concerts d’artistes locaux.
Demain, les choses sérieuses débuteront. Le matin, une plénière sur la crise : « L’Afrique dans l’arc des crises », où crise financière, crise énergétique, crise environnementale et crise alimentaire seront analysées puis débattues. Ensuite, 65 ateliers et deux autres plénières se tiendront sur les 3 jours. Bien sûr, les grandes questions habituelles seront traitées : dette, APE, souveraineté alimentaire, femmes, climat, santé, éducation, … La souveraineté alimentaire prendra une place particulière en faisant l’objet d’un forum parallèle : « le forum sur la souveraineté alimentaire et le droit à l’alimentation au Sahel ».
Plus globalement, ce Forum Social Africain se réalise à un moment où le système capitaliste connaît une crise globale. On ne peut pas s’en réjouir car elle touche déjà, contrairement à ce que le discours dominant laisse entendre, les conditions de vie de millions d’Africains. Cependant, cette crise capitaliste constitue dans le même temps une opportunité pour les mouvements sociaux de pousser à la mise en place d’alternatives radicales visant la satisfaction des droits humains fondamentaux. Une chose est sûre, ces alternatives existent et l’Afrique a les armes pour imposer la paix et la justice sociale. La souveraineté alimentaire, l’abolition de la dette et la reprise de contrôle des ressources naturelles par les peuples africains sont trois armes essentielles à utiliser pour mener ce combat.
Espérons que les débats des jours à venir aideront les organisations présentes à avancer dans ce sens et établir des stratégies communes de lutte. Le CADTM international a, pour sa part, proposé de rédiger une lettre à l’Union Africaine sur le thème : « Réponses des mouvements sociaux africains à la crise globale. »
par CADTM international