Justice climatique et sociale à la COP22 de novembre à Marrakech

lundi 3 octobre 2016, par Michel LAMBERT

J’ai eu l’honneur de participer les 23 et 24 septembre à la rencontre organisée par la Coalition marocaine sur la justice climatique à Casablanca. Cette rencontre qui se voulait internationale mais d’abord panafricaine a regroupé environ 250 personnes de 37 pays de l’Afrique subsaharienne, de la grande région Maghreb/Mashrek, de l’Amérique Latine et de l’Asie. Elle a entre autres permis de faire travailler ensemble des groupes écologistes habitués des négociations internes des COP avec des groupes de paysans, des associations sociales associées au Forum sociaux, des syndicats, des groupes de femmes, de jeunes et d’autres.

J’avouerai à prime à bord avoir eu quelques doutes par rapport à la finalité des activités de la société civile à la COP22, surtout après la démobilisation de plusieurs réseaux écologistes suite à la COP21 à Paris. Mais la dynamique multisectorielle lancée à Casablanca permet au contraire d’imaginer la construction d’importantes alliances entre ces mêmes réseaux écologistes, les groupes « verts » de la région, les organisations partie prenante du Forum Maghreb/Mashrek e d’autres réseaux internationaux pour qui la justice climatique est aussi un enjeu social. On parle du meilleur des deux monde alors qu’on vise d’une part à s’approprier des approches horizontales des processus des forums sociaux et d’autre part, à se doter de mécanismes de convergence axés vers l’action commune et la durée.

Une COP du Sud, avec une forte composante africaine.

Il est attendu que nos représentants gouvernementaux à la COP22 au Maroc s’attarderont surtout sur les détails de mise en œuvre éventuelle de l’entente intervenue à Paris. Ceci dit, cette nouvelle COP se tient en Afrique, un continent qui est possiblement celui qui à la fois émet le moins de GES et celui qui subit les plus importantes conséquences des changements climatiques. Conscients des limite du processus officiel (surtout à ce moment de l’histoire des COP) et donc de l’importance que le Sommet alternatif de Marrakech mise sur les résistances et les alternatives que peuvent proposer les mouvements sociaux, la Coalition marocaine sur la justice climatique veux lui donner de réelles perspectives et une portée africaine. Les grands « réseaux verts » africains et internationaux sont déjà partie prenante de la coalition ainsi que plusieurs groupes et coalitions davantage associés au processus des forums sociaux et on prévoit organiser une « zone africaine » qui mettra de l’avant des propositions importantes pour lutter contre les changements climatiques. La déclaration de Casablanca qui a circulé au lendemain de la rencontre permet de bien comprendre l’approche de la coalition.

« Nos solutions ne sont pas de fausses solutions »  

Ce qui intéresse à ce stade, c’est que ce Sommet alternatif ne vise pas, comme ce fut souvent le cas par le passé, qu’à se positionner sur les négociations officielles. On veut donner une voix au savoir faire traditionnel africain et aux alternatives locales qui déjà luttent contre les changements climatiques. On souhaite donc plutôt « imposer » au sommet officiel les propositions alternatives des mouvements. Le Sommet alternatif de Marrakech veut mettre en place une feuille de route de 5 ans pour la lutte contre les changements climatiques qui s’appuiera sur trois piliers : le barrage aux grands projets destructeurs du climat, la non coopération (désinvestissement) et enfin les alternatives. Des campagnes panafricaines seront proposées avec l’espoir qu’elles trouvent écho au niveau mondial. Nous avons par exemple discuté d’une campagne internationale pour la fin de toutes les subventions à l’industrie des combustibles fossiles, des subventions estimées à 168000$ PAR SECONDE pour cette industrie au niveau mondial ! Une journée d’action mondiale est envisagée à l’ouverture du Sommet alternatif qui pourrait permettre de mobiliser ceux et celles qui ne pourront être à Marrakech.


Voir en ligne : Déclaration de Casablanca

À propos de Michel LAMBERT

Co-fondateur en 1994 puis Directeur général d’Alternatives entre 2007 et 2020, Michel Lambert fut Président de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale de 2017 à 2020. Il a travaillé au rapprochement des groupes et organisations de la société civile, d’ici et d’ailleurs pour la promotion des principes de la démocratie, de l’égalité et de l’équité pour tous.

Il a tour à tour développé plusieurs des programmes de solidarité internationale d’Alternatives en plus de lancer et animer de multiples campagnes de justice sociale au Québec et au Canada. Il a dirigé l’antenne d’Alternatives en République démocratique du Congo entre 2002 et 2005 avant de prendre la direction de l’organisation en 2007.

Michel Lambert fut membre du Conseil de Gouvernance d’Alternatives International , du Conseil d’administration d’Alliance syndicats et tiers-monde. Il a aussi été membre des Conseils de l’AQOCI entre 2009 et 2013, de l’Association pour le progrès des communications (APC) entre 2008 et 2011 puis entre 2017 et 2020 et de Food Secure Canada entre 2009 et 2012

Il a représenté Alternatives au Conseil International du Forum social mondial et au sein de diverses coalitions québécoises et canadiennes dont notamment, les coalitions Pas de démocratie sans voix, Voices/voix. le Réseau québécois de l’intégration continentale - RQIC et plus récemment au comité de coordination du Front commun pour la transition énergétique .

Michel Lambert a joué un important rôle de mobilisation et de construction lors du Forum social des peuples tenu à Ottawa en août 2014 .

En 2018, il confondait Cultiver Montréal, le réseau des agricultures montréalaises.

En 2020, il a contribué à la création du FISIQ, le Fonds d’investissement solidaire international du Québec.

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