
Étonnante découverte historique et troublant témoignage. Pourtant, le journal intime de Nina Lougovskaïa - découvert récemment dans les archives du KGB - ne contient que les confidences d’une adolescente soviétique dans les années 1930. Mais voilà, rien n’est simple. D’intelligence vive, Nina a hérité de son père une forte sensibilité politique. Militant révolutionnaire, celui-ci est emprisonné et interdit de séjour à Moscou avant d’entrer en clandestinité. La famille est surveillée. Les trois cahiers de Nina, si innocents à première vue, la conduisent au Goulag avec sa mère et ses sœurs aînées. Ils sont considérés être la preuve d’un complot contre Staline, raison de leur détention, rien de moins.
Nina n’a que 14 ans lorsque débute le récit de sa vie et à peine 19 lors de sa déportation. Les dernières lignes du journal, écrites la veille de l’arrestation, ne parlent que de garçons et de réveillon de jour de l’an. Une adolescente racontant son quotidien, sans plus. Mais ce que la police secrète retient - et d’ailleurs souligne dans les cahiers - sont certains passages étonnants, commentaires lucides mais imprudents : « Que ces bolcheviks sont lâches et misérables ! », ou « De quel droit les bolcheviks se permettent-ils de gouverner aussi cruellement un pays et tous ses habitants ? »
Les cinq années de Goulag seront suivies de sept autre s années de résidence forcée en Sibérie. La mère de Nina ne survit pas à cet exil. Nina, quant à elle, est morte en 1993 sans savoir que ses cahiers seraient retrouvés et publiés en 2004. Son journal ouvre une fenêtre sur la réalité de l’époque stalinienne. Autre temps et autre lieu, le journal n’est pas sans évoquer celui d’une autre enfant nommée Anne Frank.