Cela fait un an depuis l’attaque de la Grande mosquée de Québec, qui a fait 6 morts, 5 blessés, 17 orphelins et toute une communauté traumatisée par cet acte haineux et raciste.
Je me souviens de la terreur ce soir-là, et la douleur par le fait de ne pas être complètement surprise de ce qui s’est passé.
Je me souviens de cette incroyable vague de soutien et d’amour qui a suivi ces événements. On s’est mobilisé dans la rue et malgré le froid, pour s’indigner et partager nos beaux discours, crier et pleurer ensemble… J’ai cru pour un moment qu’on va enfin tourner la page et que les cœurs et les esprits s’ouvriront !
Je me souviens très bien de ces mots prononcés qui nous parle spontanément d’un « terrorisme inversé », comme s’il est difficile d’imaginer que la communauté musulmane puisse aussi être la cible d’un attentat.
Je me souviens que dans moins de 48 heures après l’attentat, un animateur de la radio de Québec nous raconte qu’une des six victimes, avait reçu une amende pour l’insalubrité de son épicerie.
Je me souviens que quelques semaines plus tard, le maire de Québec nous partage fièrement son malaise avec l’emploi du terme terrorisme dans ce contexte. Il a besoin de consulter son dictionnaire pour s’assurer si c’est la faute du « petit gars de la place » ou la faute à la « maladie mentale ».
Je me souviens que quelques mois plus tard, la même grande mosquée a reçu un Coran déchiqueté avec un couteau accompagné d’un message haineux parce que des musulmans ont osé acheter avec leur propre argent un terrain pour avoir leur premier cimetière au Québec.
Je me souviens que plus de 6 mois plus tard, les groupuscules d’extrême droite sont devenus plus visibles et plus organisés que jamais. La Meute est maintenant un mouvement respectable, qui manifeste tranquillement dans la rue de Québec sous la protection de la police.
Je me souviens que 10 mois plus tard, on a appris que Bissonnette sera accusé de meurtres prémédités et la qualification de terroriste est peu significative dans son cas. Même le code criminel a du mal à imaginer qu’un terroriste peut être non musulman, il a besoin de plus qu’un 29 janvier pour déconstruire les réflexes de ces concepteurs.
Je me souviens que 11 mois plus tard, on a adopté une loi sur la neutralité religieuse sous un crucifix pour marginaliser des femmes déjà marginalisées sans raisons urgentes ou réelle. Et au même jour, le gouvernement a choisi de tourner le dos à toute une population racisée du Québec en abandant la consultation publique sur le racisme systémiques.
Je me souviens aussi que tout récemment, le PQ et la CAQ refusent encore d’admettre qu’il y a de l’islamophobie au Québec et que l’attaque de la Grande mosquée soit identifiée comme un acte islamophobe. En fait, tout ce qui nous arrive fait partie de l’illusion de notre imaginaire islamiste.
Je me souviens que jusqu’à aujourd’hui, certaines des familles des victimes qui ont été détruits psychologiquement, se battent encore pour être indemnisés et ne le peuvent pas faute des limites bureaucratiques et législatives.
Je me souviens, je me souviens !
Et je refuse encore d’oublier parce que le manque de volonté politique et la banalisation des actes haineux sont les principales lacunes de nos dirigeants, auxquelles ils doivent pallier impérativement ! Les mots et les larmes sont une chose mais les actions sont l’unique solution !
Nous ne serons pas dignes de notre histoire tant que nous fermerons les yeux sur les injustices que vivent certains de nos concitoyens parce qu’ils sont autochtones, noirs, musulmans, juifs, de la communauté LGBTQ+ ou toute autre communauté marginalisée …
Soyons à l’écoute des autres, soyons la conscience du Québec !