La simplicité de la vie est d’un brin réconfortante : le travail, la famille. Le droit de faire, de se reproduire. Mais lorsqu’on interdit cet essentiel aux êtres humains, une crise n’est plus confinée qu’aux scènes du pouvoir : elle enfreint toute l’étendue de la vie.
L’agence Stock Photo venait de naître que ses photographes partaient vers une Haïti qu’on croyait enfin libérée de 40 ans de duvaliérisme. Six membres du Collectif nous en livre aujourd’hui les épreuves, dans Kenz an Stock nan peyi Dayiti (« Les quinze ans de Stock au pays d’Haïti »), une exposition présentée à la Maison de la culture Côte-des-Neiges.
L’agence Stock a capturé les images d’une Haïti en pleine transformation, où vie et mort s’affrontent à même la rue : le jeu des enfants devient (sur)réel dans la carcasse d’une voiture, la reproduction, marché de nuit en Port-au-Prince. La fiction urbaine du pouvoir que sont les gangs de Cité Soleil s’approprie le réel des plus pauvres, laissant des quartiers complets en Sarajevo. Cité Soleil aux maisons dévastées, tout comme ses habitants, que Stock retrouve dans un champ de ruines. La vie souffre, mais ne disparaît pas. Ou alors seulement plus rapidement.
Kenz an Stock nan peyi Dayiti, une exposition de Benoît Aquin, Normand Blouin, Robert Fréchette, Emmanuel Galland, Caroline Hayeur et Jean-François Leblanc.
Jusqu’au 25 mai à la Maison de la culture Côte-des-Neiges.