Élections 2006

Il faut un nouveau débat sur les échanges avec les États-Unis

mercredi 14 décembre 2005, par Congrès du travail du Canada

OTTAWA - Au nom de tous les salariés de ce pays, le Congrès du travail du Canada réclame un débat national sur des solutions de rechange à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et les soi-disant accords de libre-échange poussés par la grande entreprise et le gouvernement fédéral.

Dans un article d’opinion publié aujourd’hui dans cinq quotidiens de langue anglaise (le National Post de Toronto, le Ottawa Citizen, le Montreal Gazette, le Windsor Star, le Saskatoon Star-Phoenix et le Victoria Times-Columnist), le président du Congrès du travail du Canada explique :

Les questions de l’heure sont donc : est-ce que le gouvernement du Canada va nous enfoncer davantage, comme le préconisent les plaideurs de la grande entreprise ? ou allons-nous recouvrer le pouvoir qu’il nous faut pour orienter notre économie dans l’intérêt des citoyens et citoyennes de ce pays, dont la majorité sont des salariés et salariées ?

L’accord en vigueur comprend trois principales lacunes.

Premièrement, dans l’affaire du bois d’oeuvre, les États-Unis se sont moqués des décisions prises en vertu de l’ALENA et ont perçu des milliards de dollars de droits illégaux. En 1988, nous avions pour objectif de nous protéger contre le protectionnisme états-unien. Nous n’y sommes jamais parvenus.

Deuxièmement, les dispositions de l’ALENA sur l’énergie nous emprisonnent dans un avenir énergétique nord-américain régi par les États-Unis. Nous n’avons presque plus de contrôle sur nos exportations. Nous sommes enfermés dans notre rôle traditionnel producteur de matières premières. Cela nous coûte beaucoup de bons emplois.

Troisièmement, contre la volonté de la majorité des Canadiennes et Canadiens, le libre-échange nous a rapproché du modèle social américain où l’inégalité et l’insécurité sont plus élevées ; cela menace notre système public d’assurance-maladie.

Derrière les vitres teintées de leurs limousines, les cadres supérieurs de la grande entreprise reçoivent des revenus de 5,5 millions de dollars par année en moyenne, qui continuent d’augmenter. Depuis l’entrée en vigueur des accords commerciaux, la quasi-totalité de l’augmentation des revenus est allée aux appointements et aux options de l’élite patronale avec la hausse des profits des entreprises. Il n’est pas étonnant que cette élite estime que les accords de libre-échange ont été des plus fructueux.

Pendant la même période, la valeur des salaires moyens, rajustée en fonction de l’inflation, a stagné. Les familles travailleuses sont, en général, dans une situation inférieure à celle où elles se trouvaient avant l’adoption de l’ALENA.

L’ALENA a trahi les travailleurs et travailleuses, et le pays tout entier. Il consacre des pressions concurrentielles qui compromettent les droits de la personne, les salaires décents et les conditions de travail. Les nouveaux emplois sont beaucoup plus instables et comportent des salaires plus bas que ceux que nous avons perdus. Le Canada est devenu une société plus inégale.

En tant que pays, nous devons retrouver notre capacité de changer les choses en mieux. Nous devons procéder à un très sérieux débat national sur la voie à suivre.

Nous ne pouvons plus nous permettre de suivre l’orientation de l’élite patronale, qui veut continuer sur la lancée actuelle. Elle veut cimenter encore davantage les liens avec les États-Unis en concluant une vaste nouvelle entente selon laquelle nous renoncerions aux rênes de tout : ressources, règlements, sécurité, politique commerciale... Ce serait s’unir aux États-Unis sans avoir de voix au Congrès.

Les Canadiens et les Canadiennes doivent s’entendre sur les solutions de rechange à l’ALENA. Ensuite, il faut dire aux États-Unis que nous voulons renégocier l’accord. Puisque l’accord actuel n’est pas favorable aux travailleurs et travailleuses, il est défavorable au Canada.

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