
« C’est une super vitrine pour les jeunes auteurs compositeurs interprètes », affirme d’entrée de jeu Mara Tremblay. « À mon époque, il y avait beaucoup de petits bars, de petites places, qui nous permettaient de nous faire connaître, ç’a donné un tremplin à plusieurs, qu’on pense aux Colocs... » Aujourd’hui, les choses auraient un peu changé de ce côté, et c’est là qu’un concours comme les Francouvertes, qui n’est pas spécialement conçu pour un style en particulier, prend tout son sens et son importance. « C’est le concours qui attire le plus de gens de l’industrie, de maisons de disque, de producteurs. Je sais que c’est le cas notamment pour Audiogram, mon producteur », tient à souligner la porte-parole qui, visiblement, est enchantée par l’événement, et qui ne manque pas de superlatifs pour le vanter.
C’est en 1995 que se tenait la première édition des Francouvertes. Un concours qui s’adressait aux artistes de la relève musicale francophone. Dès le départ, l’événement a été un franc succès, qui ne s’est jamais démenti. À ce jour, plus de 1 600 dossiers ont été soumis, et au terme de cette 10e édition 183 formations musicales auront eu la chance et le privilège de s’exécuter devant le public montréalais et les représentants de l’industrie musicale québécoise.
Les Francouvertes ont d’abord été une initiative de la défunte organisation Faites de la musique (FDM), dont l’idée était d’en faire un « instrument de démocratie culturelle ». Pari pleinement remporté. FDM était une organisation culturelle communautaire qui avait pignon sur rue dans l’Est de la ville, dans Hochelaga-Maisonneuve, l’un des quartiers les plus pauvres de Montréal. Mais la belle aventure est abruptement interrompue en 2003 alors que Québec cesse son financement. FDM ferme et avec elle meurt tous ses projets. Tous ? Pas tout à fait.
À bout de bras
La directrice générale des Francou-vertes, Sylvie Courtemanche, faisait alors partie de l’équipe de FDM. Directrice des communications de l’organisation, les Francouvertes est son gros projet, son « bébé » dirait-on familièrement. Pas question pour elle de laisser tomber. Sans financement, elle reprend à son compte, dans son salon et à bout de bras, la belle aventure. Le travail est énorme pour tout reconstruire et relancer la machine : former un conseil d’administration, trouver des sous, relancer la promotion et l’appel de candidatures...
En janvier 2005, après un an d’absence, la 9e édition des Francouvertes a finalement lieu, toujours dans l’Est, cette fois au Lion d’Or, sous le titre évocateur « Les Francouvertes repartent à 9 ». La formule n’a pas changé, c’est les lundis soirs que ça se passe, et le public vote. Son appréciation compte pour 50 %. L’autre 50 % est déterminé par le jury composé de membres de l’industrie. Toujours le même, tout le long des préliminaires. Mais au moment des demi-finales, les artistes font face à un nouveau jury, et le compteur est remis à zéro. Même chose pour la finale. Et là, Mara Tremblay sera au nombre des jurés...
Demi-finales
Cette année, sept soirées de préliminaires ont départagé les neuf demi-finalistes : La Galère, David Marin, Benoit Paradis, Ma blonde est une chanteuse, Alfa Rococo, Mathieu Mathieu, Gong Goya, Lue Lebel et Psycoze Poétik. Les trois demi-finales ont lieu cette semaine au Lion d’Or, lundi 27, mardi 28 et mercredi 29 mars. Un peu de jazz du côté de Lue Lebel, un peu de rap du côté de Psycoze Poétik, un peu de musique du monde du côté de La Galère. Les David Marin, Benoit Paradis et Mathieu Mathieu donnent dans la chanson à texte française, avec un petit côté chansonnier, alors que les Alfa Rococo, Gong Goya et Ma blonde est une chanteuse sont plus près de la nouvelle vague chanson française rock et/ou reggae... enfin... bien difficile de cataloguer les uns et les autres. « C’est bouillonnant ! » s’émerveille encore une fois Mara Tremblay.
Comme chaque année, nous avons eu droit à des soirées musicales enlevantes et complètement éclectiques. Ne cherchez pas, il n’y a pas de genre spécifique aux Francouvertes, et c’est bien ce qui en fait le charme. « C’est même de plus en plus large, et pas juste pour les jeunes », constate la porte-parole qui est une habituée du concours. Soyez de la relève, soyez talentueux et chantez en français. C’est tout ce qu’on vous demande. « Il y a beaucoup, beaucoup de musiciens qui se tiennent là. D’abord on a beaucoup d’amis qui participent et c’est aussi une occasion de faire des rencontres. »
Jeudi 6 avril, c’est un rendez-vous que vous donne Mara Tremblay, pour le grand soir. « C’est une occasion de se remplir le corps et le cœur de liberté et d’envol ! »