Plus de 1.200 activités programmées et quelque 5 mille organisations et associations venant de 150 pays sont attendues à la 13e édition du Forum social mondial
Tout est mis en œuvre pour accueillir sous nos cieux la 13e édition du Forum social mondial (FSM), attendu du 24 au 28 de ce mois et censé faire de la Tunisie la capitale du monde. L’annonce a été ainsi faite lors d’une conférence de presse, hier à Tunis, par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes), au cours de laquelle le comité d’organisation, composé d’un collectif associatif représentant la société civile nationale s’est penché sur cette nouvelle édition 2015.
Contre-pouvoir à Davos
L’événement placé, cette année, sous le signe « droits et dignité » s’annonce de grande portée, de par la participation massive d’organisations civiles de tous bords, mais aussi de par son programme haut en couleur. Le FSM, dont l’initiative a été prise bien avant la vague des révolutions arabes, à l’aube de ce nouveau millénaire à Porto Alegre, au Brésil, est un espace de débats démocratiques dédié à la société civile internationale et à tous les mouvements sociaux de la planète. Selon ses initiateurs, il se veut un contre-pouvoir face au forum de Davos en Suisse qui vante habituellement le credo de la finance internationale et les centres de décisions politiques dominants. Et pour cause, le FSM est l’expression partagée de dénonciation de ce capitalisme sauvage manifesté sous un système économique ultramondialisé. A l’ouverture de la conférence, le président du Ftdes, Abderahmane Hdhili, en sa qualité de coordinateur, a joué le modérateur de la séance. D’emblée, M. Maher Hnine, membre du comité de pilotage, a voulu mettre l’actuelle édition dans un contexte historico-politique.
Autres alternatives
Cette fois-ci, le débat sera, essentiellement, concentré sur d’autres alternatives possibles en mesure de changer la donne vers un autre monde ouvert et plus solidaire. Un monde où il n’y aura plus de place au néolibéralisme, aux déséquilibres politiques, aux inégalités sociales... Le tout au profit de la dignité, de la liberté, des droits de l’Homme et de l’égalité des chances entre hommes et femmes. Pour la citoyenneté mondiale, pour ainsi dire. Ces revendications sont bien légitimes à plus d’un titre, du moment où les dérives de la mondialisation sont devenues, aujourd’hui, bien visibles à travers des modèles économiques ne répondant plus aux nouveaux besoins sociaux. L’autre défi du contexte est bien l’hydre terroriste qui s’étend, largement, aux quatre coins du globe, menaçant les liens et les rapports humains. D’où la nécessité de réorienter les efforts vers les valeurs de solidarité, ciment social, et des droits humains les plus élémentaires. Et là, la question est celle de repenser les perspectives des mouvements sociaux, sur la base de l’édification démocratique à l’échelle planétaire. Prenant la parole, Mme Ahlem Belhaj, membre du comité et militante au sein de l’Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd), s’est prononcée sur la dynamique féminine, en tant que partie prenante des préparatifs engagés en prélude au FSM. La journée inaugurale du 24 mars sera, à ses dires, marquée par des assemblées dont celle de la femme mondiale qui aura pour thème « Oui à l’égalité, non à la violence », en se référant à toute forme d’agression faite à l’encontre de la femme.
Plus de 1.200 activités au menu
D’après Belhaj, il est temps de dire stop à ce phénomène qui n’a cessé de sévir aveuglement, alors que la femme demeure partenaire à part entière dans l’action de militantisme. Cependant, sa présence aux postes politiques est encore assez timide. Par ailleurs, a-t-elle ajouté, la dynamique prévoit organiser, d’ici le 20 courant, une caravane antiracisme qui sera acheminée en direction de Djerba. Sans pour autant oublier de mettre l’accent sur le « Village femme » qui aura lieu au campus universitaire Farhat Hached, où se dérouleront, pendant quatre jours, les travaux du FSM 2015. L’ouverture du forum, comme l’a précisé M. Tawfik Ben Abdallah, membre du staff organisateur, sera marquée par une marche sur l’avenue, donnant le coup d’envoi de quelque 1.200 activités prévues à laquelle prendront part cinq mille organisations. Figure également au menu une série d’assemblées consacrées aux femmes et aux jeunes, sur fond d’animation culturelle et festive. Pour Hamouda Sobhi, membre du comité organisateur, cette édition qui est organisée pour la seconde fois en Tunisie se caractérise par une participation maghrébine importante avec la présence de 2.446 organisations.
Du 25 au 27, les participants vont plancher sur une masse d’activités où des conférences, ateliers, témoignages et discussions s’articuleront sur des thématiques liées aux projets, plateformes et alternatives qui font débat dans la société civile. Des assemblées de « convergences pour l’action commune » se poursuivront jusqu’à la clôture, jour où aura lieu une marche de solidarité avec le peuple palestinien, soit deux jours avant la célébration de la journée de la Terre, le 30 mars de chaque année.
Forum libre
Parallèlement, indique-t-il, le théâtre de l’événement sera rehaussé par des para-activités censées créer une nouvelle dynamique, à travers la mise en place de « camps de la jeunesse », « espace femme » et des villages pouvant servir à de multiples activités et d’expositions diverses. Il y aura aussi l’opportunité de donner libre cours aux groupes de réseaux et de mouvements sociaux qui font le choix d’articuler leur propre mobilisation et leur lutte avec celles du forum social. Cela s’inscrit dans le cadre du forum des médias libres, celui des autorités locales, des parlementaires, sciences et démocratie, ainsi que le forum syndical et celui des habitants. L’Ugtt sera aussi de la partie. Son secrétaire général adjoint, Kacem Afaya, est intervenu sur la participation prévue de la centrale syndicale au forum. Ce qui explique, selon lui, l’intérêt que porte l’organisation ouvrière aux différentes questions préoccupant la société civile mondiale, telles que la démocratie, la liberté, la justice sociale et l’égalité, mais aussi la cause palestinienne. L’orateur a plaidé pour que les suggestions et les recommandations issues du FSM de Tunis 2015 ne restent pas lettre morte. Mais, plutôt, des pratiques au quotidien qui soient en mesure de contribuer au réajustement des modèles de développement socioéconomique de plusieurs pays du monde.