Renforcement des capacités institutionnelles

Formation pour les femmes palestiniennes à faible revenu

mercredi 7 mai 2003, par ALTERNATIVES

Photo : ACDI

 Contexte


 Objectif
 Situation socio-économique de Gaza
 Chronologie des activités
 Le Club de femmes
 Galerie photos

Contexte du projet

En 1999 et 2000 des représentants officiels du Ministère palestinien des affaires sociales et l’Agence canadienne de développement international (ACDI) ont élaboré un projet de formation et de développement communautaire, destiné aux femmes défavorisées, et dont l’objectif est de leur permettre d’obtenir de meilleurs revenus pour améliorer leur situation. Afin de mettre en œuvre ce projet, il a été décidé de mettre sur pied deux nouveaux centres communautaires dans deux camps de réfugiés de la Bande de Gaza, plus précisément à Jabalia et à Nuseirat(voir carte).

Malheureusement, au cours de la période qui a suivi, la situation politique et économique s’est gravement détériorée sur le terrain. Un règlement pacifique du conflit n’a pas abouti et une deuxième Intifada a commencé. Le nouveau gouvernement israélien a adopté une ligne dure, les attaques et les ripostes des Palestiniens se sont intensifiées, et Israël a réoccupé les territoires de la Palestine. La destruction et la mort sont devenus des lots du quotidien. Aujourd’hui, le processus de paix n’a pas encore véritablement redémarré, mais la pauvreté et le chômage ont cependant beaucoup augmenté.

Deux missions menées sur le terrain en juin et en novembre 2001 ont cependant confirmé la viabilité du projet et la nécessité de débuter le travail, tout en réajustant les objectifs du projet initial.

Afin d’assurer la viabilité des deux centres communautaires qui allaient servir à la formation, il fallait d’abord apporter une aide substantielle au Ministère même, qui n’avait pas les capacités institutionnelles lui permettant d’équiper convenablement les centres et de gérer les programmes de formation destinés aux membres des communautés. L’ACDI a alors adopté une approche interactive et a établi une entente avec le Ministère afin de rencontrer les objectifs et les résultats attendus du projet.

C’est ce qui a mené Alternatives, en collaboration avec l’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC), à signer une entente avec l’ACDI en 2001, afin de réaliser le projet de renforcement institutionnel du Ministère palestinien des affaires sociales, dans la mise en œuvre des deux centres communautaires de formation destinés aux femmes à faibles revenus.

Le projet vise en premier lieu les femmes des villages et des camps de réfugiés de Gaza, ce qui inclut les adolescentes, les jeunes filles qui ont été forcées d’abandonner l’école, les mères monoparentales, les veuves et les femmes déplacées. Il s’agit à la fois d’augmenter les capacités financières des femmes, mais aussi de réduire l’écart discriminatoire qui existe entre les femmes et les hommes.

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objectif du projet

Initialement, le but du projet était d’augmenter la capacité des femmes à faibles revenus et les femmes réfugiées à devenir des travailleuses à revenus plus élevés. Cet objectif avait été identifié avec le Ministère palestinien des affaires sociales et l’ACDI lors de l’élaboration du projet en l’an 2000. Le but du projet a été révisé et vise désormais à permettre aux femmes à faible revenu et à leurs familles d’améliorer leurs conditions économiques et d’augmenter leur niveau de vie.

L’objectif initial du projet était de créer plus d’opportunités pour développer l’autonomie des femmes plus vulnérables et de leurs familles, à travers des activités de formation et d’autres initiatives de développement, et de renforcer la capacité du Ministère palestinien des affaires sociales à gérer ces initiatives. L’objectif du projet, tel que révisé, est de créer de nouvelles facilités et opportunités pour les femmes pauvres et leurs familles, en leur offrant des services de formation dans deux centres communautaires à Gaza, et de renforcer la capacité du Ministère palestinien des affaires sociales à gérer ces services et ces programmes de formation.

Le projet est maintenant basé sur trois différentes composantes. Chaque composante respecte les principes tels qu’établit par les chargés de projet. Les trois composantes sont :

1- La mise sur pied de deux centres communautaires offrant des services de formation aux femmes (composante 100) ;

2- Le développement de programmes de formation technique et personnelle destinés aux femmes palestiniennes (composante 200) ;

3- Le renforcement des capacité institutionnelles (composante 300) ;

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La Situation Socio-Économique de Gaza

La Bande de Gaza comprend une population d’environ 1.400.000 habitants dont 75% sont des réfugiés de 1948. La population palestinienne à Gaza est concentrée sur quelque 60% d’un territoire qui compte 365 km2, notamment dans des sites surpeuplés où la densité de population atteint les 50.000 habitants/km2 comme dans le camps de Jabalia ou Nuseirate. Le reste du territoire est occupé par 18 colonies, recensant environ 8.000 colons, et constitue le « périmètre de sécurité » sous contrôle de l’armée. À tout instant, l’armée peut faire des incursions dans les territoires théoriquement sous contrôle de l’administration palestinienne. Régulièrement, l’armée coupe avec ses blindés le territoire de Gaza en quatre zones et empêche tout passage entre les différentes zones. Avec le bouclage de Gaza et la restriction de milliers de travailleurs palestiniens en Israël, toute perspective de développement économique est ainsi bloquée. L’entrée de produits originaires de Cisjordanie est exceptionnelle et la majorité des produits disponibles provient presque systématiquement d’Israël en raison des contraintes financières et administratives imposées par les douanes israéliennes.

Selon les dernières données de l’UNRWA (UN Relief and Works Agency), 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le taux de chômage à Gaza dépasse les 60%. Les rentrées financières en provenance de la diaspora palestinienne se sont amenuisées ce qui a pour effet d’accroître la dépendance de la population envers l’UNRWA.

Depuis le mois de mars 2004, les autres organisations des Nations Unis tels qu’UNRWA, World Food Programme, UNICEF, UNDP, WHO, UN Office for the Coordination of the Humanitarian Affairs (OCHA) et UN Special Co-ordinator’s Office (UNSCO) font face à des obstacles pour rentrer à Gaza. Ces organisations ont annoncé qu’à partir du 1er avril 2004, ils allaient cesser leur travail humanitaire. Cette situation risque de précipiter une catastrophe humanitaire à Gaza, qui par ailleurs ne dispose pas d’une base de production industrielle ou même agricole pour subvenir à sa propre subsistance.

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Chronologie des activités

Dû à l’occupation et à la situation difficile sur le terrain, le projet a accumulé beaucoup de retard. Durant l’année 2002, le projet a finalisé la période d’implantation et de démarrage.

Pendant cette période, un certain nombre de tâches et d’activités ont été réalisées : le secrétariat du projet et un bureau de liaison ont été installés à Gaza et à Ramallah, et des employés ont été sélectionnés. Une visite d’études, dans laquelle certaine des responsables du projet ont participé, a été organisée au Canada auprès de groupes communautaires et de centres de femmes. Des ateliers destinés aux employés travaillant sur le projet ont aussi été présentés. De plus, des consultants ont été engagés, un groupe d’experts locaux a été réuni afin de déterminer les besoins et les possibilités de formation, et enfin des documents établissant la procédure, les mesures de suivi et les mécanismes d’évaluation du projet ont été produits.

Entre le mois d’avril 2003 et le mois de mars 2004, le projet a complété sa première année d’activités.

La majorité des résultats atteints durant cette période font partie de la composante 100, c’est-à-dire de la mise sur pied de deux centres communautaires à Jabalia et Nuseirat. Le lancement des activités a été initié à partir de nombreuses consultations menées par l’équipe de coordination du projet et des suggestions provenant de la communauté palestinienne (individus et institutions). Des visites sur le terrain, des questionnaires, des ateliers et des réunions avec des institutions situées près des deux centres, des focus group, dans lesquels des bénéficiaires potentiels, des bénévoles et des représentants du Ministère palestinien des affaires sociales ont participé afin de supporter les activités des centres.

Entre le mois d’avril et le mois de décembre 2003, les activités suivantes ont été organisées :

 Aide aux devoirs pour les enfants

 Aide aux études pour les femmes (préparation pour l’obtention du diplôme d’études secondaires)

 Cours de littérature pour femmes

 Cours d’anglais

 Activités estivales (camps de vacances)

 Services médicaux (ateliers de conscientisation)

 Ateliers de formation (enjeux légaux, violence conjugale, estime de soi)

 Club de femmes à Jabalia (incluant formation de production d’artisanat)

 Cours de sauveteur pour femmes

Pour la période de janvier à mars 2004, la plupart des activités mentionnées ci haut ont été poursuivies avec l’addition des activités suivantes :

 Camps d’hiver pour femmes et enfants (lors de la période de vacances entre les deux semestres scolaires)

 Atelier sur les aptitudes de communication pour les femmes

Pour la période entre avril et décembre 2003, un total de 2,320 personnes ont bénéficié des activités présentées dans les deux centres. De ce nombre, 2,320 personnes étaient des femmes (57%) et 1,335 avaient 25 ans et moins (58%).

Pour la période entre janvier et février 2004, un total de 819 personnes ont bénéficié des activités présentées dans les deux centres. De ce nombre, 647 personnes étaient des femmes (80%).

Si en 2003, les femmes ont été généralement sous représentées dans les activités, cette faiblesse a été graduellement corrigée ; des ajustements majeurs ont été apportés, comme on peut le constater dans les résultats pour la période entre janvier et février 2004.

Les résultats visés pour la participation active de la communauté dans les centres sont aussi impressionnants, notamment :

 le nombre de bénévoles qui se sont impliqués et la qualité de leur participation

 et la coopération des institutions locales (ONG et organisations gouvernementales)

En effet, plus de 100 bénévoles, majoritairement des femmes, se sont impliqués à différents degrés dans les activités des 2 centres. De ce nombre, environ 35 personnes étaient des bénévoles actifs. Neuf bénévoles, toutes des diplômées universitaires, impliqués dans le programme d’aide aux devoirs pour les enfants ont trouvé un emploi permanent suite à leur expérience avec le projet.

Plus de 30 institutions (ONG et organisations gouvernementales) ont collaboré avec les centres au niveau de l’organisation des activités. Deux directions locales du Ministère palestinien des affaires sociales (des régions du Nord et du centre) ont coopéré avec les 2 centres dans le développement d’une base de données des bénéficiaires du Ministère et dans la planification des activités des centres. Tous ces collaborateurs ainsi que les bénéficiaires des centres ont assisté les coordonnateurs des centres dans la mise sur pied du programme d’activités.

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Le Club de femmes

La création du Club de femmes du centre de Jabalia est une initiative qui a remporté beaucoup de succès et qui sera reprise dans le centre de Nuseirat (en respectant les caractéristiques et les besoins spécifiques de la communauté de Nuseirat). Les résultats de l’évaluation des activités de l’année précédente révèlent que le Club des femmes à Jabalia a été une expérience positive pour les femmes de la communauté.

La création du Club de femmes a été l’œuvre d’une femme sans emploi mais très active au sein de sa communauté de Jabalia. Elle a approché le coordinateur du centre en avril 2003 pour lui demander d’avoir accès à une salle ou elle pourrait rencontrer à chaque semaine d’autres femmes et discuter de leurs désirs, partager leurs inquiétudes et organiser des activités ensemble sans engager de coûts au centre. Les responsables du projet ont accueilli positivement l’idée, puisque c’était une initiative provenant directement d’une personne membre de la communauté. À partir de ce moment, un groupe de sept femmes a commencé à se rencontrer à chaque semaine. Suite à l’évaluation de leurs besoins, l’initiatrice du projet a débuté un atelier de formation sur la confection d’artisanat (céramique et peinture). Ensuite, elle a présenté des ateliers de formation sur la pratique de l’estime de soi. Progressivement, d’autres femmes se sont ajoutées au nouveau Club. Certaines de ces femmes étaient référées comme des « cas difficiles » par le Ministère des Affaires Sociales. Les femmes qui au départ avaient des problèmes de confiance en soi se sont retrouvées transformées au cours de leur participation dans le Club. Ces femmes ont commencé à s’exprimer davantage, à se sentir plus heureuses et à interagir avec la société. Le Club de femmes de Jabalia compte aujourd’hui 38 membres. C’est devenu un espace culturel et social rassemblant des femmes de la communauté de Jabalia issues de différents contextes. Les membres ont créé des comités (santé, social, culturel) avec comme but à long terme d’établir un groupe féministe qui représentera le centre à un niveau supérieur et qui fera du lobby pour un changement social. De plus, la direction du centre rencontre le Club régulièrement afin d’évaluer les activités et les besoins des membres.

Le projet continuera de supporter cette initiative afin de développer la programmation du Club mais aussi d’autres programmes qui proviendront des idées amenées par les femmes elles-mêmes.

À ce jour, la mise sur pied du Club est l’un des grands accomplissements du projet. Afin de pouvoir continuer à développer sa programmation, il était primordial de définir une mission du Club et de reconnaître sa place à l’intérieur du programme du Centre afin d’y allouer les ressources nécessaires. Une réunion avec les membres de l’équipe du projet a été organisée en février dernier lors d’une mission sur le terrain. La raison d’être du Club, sa mission, son mode de fonctionnement et ses activités ont été élaborées à partir de l’expérience de l’année précédente au Centre de Jabalia. Les résultats de cette réunion sont les suivants :

Vision :

1- Le Club est un outil destiné à l’empowerment des femmes et qui sert à briser l’isolation des femmes. C’est un moyen à travers lequel les femmes peuvent s’épanouir et aller de l’avant.

2- Le Club répond aux besoins de participantes qui souffrent de manque de confiance en soi et d’interaction sociale.

3- Le Club offre un espace social et culturel aux femmes et la production d’artisanat n’est pas remise à des fins de profit mais uniquement à des fins de loisir.

4- Le Club est une instance qui agit comme consultant avec la direction du Centre en proposant des idées pour le développement et l’amélioration des programmes d’activités du centre.

5- À long terme, le Club pourrait jouer un rôle de lobbying en tant que membre d’un réseau d’organisation de femmes palestiniennes pour promouvoir le statut de la femme et de meilleures conditions de vie. Le Club pourrait représenter le Centre dans la sphère publique en travaillant en partenariat pour un changement social.

Mode de fonctionnement :

À ce jour, le Club a fonctionné de façon informelle sans ressource particulière, c’est pourquoi il est maintenant nécessaire d’établir une structure plus claire :

1- Un conseil d’administration sera formé par l’élection de onze membres.

2- Une coordinatrice sera assignée et sera responsable de coordonner les activités sous la supervision du coordonnateur du Centre

3- Les règlements et les principes du Club seront clairement définis.

4- Les procès-verbaux des réunions seront remis à la direction du Centre

5- Un membership formel d’une durée d’un an sera formé ; les membres auront droit à certains avantages (comme des services gratuits, provenant d’autres institutions).

6- Des ressources, comme un bureau, des meubles, de l’équipement et du matériel, seront fournies.

Activités :

1- Rencontres hebdomadaires pour tenir des discussions informelles à propos de sujets personnels, permettant aux femmes de partager leurs vécus et de trouver des solutions ensemble, ce qui pourrait amener certaines femmes à aller en thérapie au besoin.

2- Loisirs, comme la cuisine collective et la production d’artisanat, des activités à but non lucratif. Par contre, certaines femmes talentueuses pourraient être référées au programme de formation technique, ou elles recevraient une formation plus formelle en production d’artisanat et un support du coordonnateur du Centre si elles désiraient démarrer leurs propres entreprises.

3- Ateliers de conscientisation et de développement de capacités (leadership, prise de décision, défense de droits fondamentaux, etc). Cette activité pourrait être intégrée au programme de Conscientisation et d’empowerment du Centre, ou être spécifiquement définie à partir des besoins des membres du Club.

4- Visites culturelles et récréationnelles (pics-nics, exposition d’œuvre d’art, etc)

5- Réseautage avec d’autres organisations de femmes.

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Ce projet est rendu possible grâce à l’Agence canadienne développement international (ACDI) et à l’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC)

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