Grâce à une plus grande prise de conscience sociale et environnementale, le concept de souveraineté alimentaire fait du chemin. Cette notion se base sur le droit des peuples à définir leur propre politique alimentaire ; sur la protection et la réglementation de la production et des échanges agricoles dans une optique de développement durable ; sur l’autonomie alimentaire et l’élimination du dumping d’aliments. L’automne dernier, 45 organisations québécoises ont adhéré à ce concept lors du premier Rendez-vous québécois sur la souveraineté alimentaire.
Souveraineté alimentaire ne rime pas avec autarcie. Il est normal que des pays s’échangent des produits agricoles. Ce qui est anormal, c’est que certains pays soient très dépendants des marchés internationaux pour nourrir leur population. Ce qui est aberrant, c’est que la nourriture soit considérée comme une marchandise comme une autre par les tenants du libre-échange, notamment par les institutions internationales comme l’OMC ou le Fonds monétaire international.
Ce qui est tragique, c’est que des pays du Sud soient forcés d’abandonner leurs agriculteurs pour laisser la place aux forces du marché qui ne s’intéressent qu’à ceux qui ont les moyens de payer. Ce qui est scandaleux, c’est que les États riches contournent les règles qu’ils édictent en vendant du riz ou des céréales dans les pays pauvres en deçà des coûts de production, pour ainsi ruiner les paysans du Sud.
La hausse du prix des denrées de base a révélé l’impuissance des États à protéger leur population. Puisque près de la moitié de l’humanité survit avec moins de deux dollars par jour, une telle augmentation est dramatique.
Augmentation des prix depuis janvier 2006 :
Blé multiplié par 2,8 (mars 2008)
Maïs multiplié par 2,4 (mai 2008)
Riz multiplié par 2,9 (avril 2008)
Soja multiplié par 2,2 (avril 2008)
Ici, les défis sont aussi énormes, même s’il ne s’agit pas d’une question de vie ou de mort comme au Sud. L’agriculture se transforme lentement en une grosse business, ce qui empêche la relève de prendre sa place. Les producteurs québécois peinent à maintenir leurs places sur nos tablettes. La nourriture industrielle favorise l’obésité. L’accès à des aliments de qualité est moindre dans des quartiers défavorisés.
Ces questions touchent directement notre bien-être, car nous sommes ce que nous mangeons. À quand, une politique cohérente de souveraineté alimentaire ?