Cette semaine, les médias nous ont transmis des nouvelles étonnantes.
D’abord on nous a appris que les mesures d’austérité sont un échec. Ensuite que les écarts de revenus et les changements climatiques étaient les principaux risques mondiaux.
Rien de cela n’est pourtant bien nouveau. Il semble évident pour nous que des mesures d’austérité, qui créent toujours plus de pauvreté, ne peuvent pas relancer l’économie. Un sentiment de justice élémentaire nous dit que les inégalités record qui existent aujourd’hui sont fondamentalement inacceptables. Il est tout aussi clair que les changements climatiques doivent être combattus en priorité à cause de leurs effets destructeurs.
Alors pourquoi faire des manchettes avec ce que nous répétons depuis des années ?
Parce que, cette fois-ci, elles proviennent de deux des plus puissantes organisations de la mondialisation néolibérale, le Fonds monétaire international (FMI) et le forum économique de Davos.
L’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, assisté d’un autre compère économiste, Daniel Leigh, a produit la première étude sur l’austérité. Le rapport du forum économique mondial de Davos aurait été conçu quant à lui par un groupe de 1000 experts de l’assurance.
Il s’agit dans les deux cas d’un désaveux majeur de politiques adoptées depuis l’origine de ces deux institutions.
Rappelons le cas du FMI : il s’agit de l’organisation qui a imposé à la fin du 20e siècle les fameux « plans d’ajustement structurel ». Des plans qui ont forcé les pays pauvres et endettés du Sud à réduire le plus possible les interventions de l’État pour privilégier le remboursement de la dette. Ces plans ont causé tellement de mal qu’ils ont quasiment entraîné la perte du FMI. Personne ne voulait plus avoir affaire à lui ou lui emprunter de l’argent.
Jusqu’à ce qu’il soit sauvé par le G20 en 2009. Il a alors recommencé à intervenir avec les mêmes recettes, en Europe cette fois. Maintenant le FMI nous dit qu’il s’est trompé. Peut-on vraiment le croire ?
Le Forum économique de Davos, quant à lui, est le rendez-vous très select des puissants de ce monde, gens d’affaires et chef d’État. Pauline Marois a d’ailleurs annoncé qu’elle y serait cette année. Ce forum rassemble ceux qui profitent des inégalités, le fameux 1% dénoncé par les Indignés, et dont les politiques qu’ils ont inspirées ont justement contribué à accroître les inégalités. Et ce sont ces gens qui vont se mettre tout à coup à s’en émouvoir ?
Ces prises de conscience du FMI et du forum de Davos arrivent tout de même à nous questionner. Est-ce que les deux textes qu’ils viennent de produire marqueraient le début d’un changement d’orientation qui mènerait à plus de justice et une meilleure préservation de l’environnement ? Est-ce qu’ils n’anticipent pas un virage majeur de ces institutions internationales ?
On constate que les conclusions de ces rapports sont motivées par des questions d’argent : l’austérité coûte plus cher que prévu, d’après le FMI, de même que les risques provoqués par les inégalités et les changements climatiques engendreront des coûts importants.
Mais justement, les motivations financières ne sont-elles pas celles qui sont les plus aptes à faire changer les choses ?
De la théorie à la pratique, cependant, il y a un écart immense. On se rappelle que lors de la crise de 2008, on avait posé les bons diagnostics — déréglementations, entreprises too big to fail, trop grand pouvoir de la sphère financière, etc — tout en étant incapable de trouver les bonnes solutions. Les intérêts immédiats des grands de ce monde vont trop souvent à l’encontre des intérêts à long temps de l’ensemble des populations. Il faudra malheureusement compter sur une grande cupidité et une grande force d’inertie pour empêcher les changements.
Mais ces deux rapports sont tout de même un très petit pas dans la bonne direction. Souhaitons qu’on puisse en profiter un peu.