Le mercredi 2 octobre à 16h00
Faculté de philosophie, Université Laval FAS 413
Salle 413, Pavillon Félix-Antoine Savard
La conflictualité sociale contemporaine renoue avec le discours sur la lutte des classes. Celui-ci a résonné autant dans les rues des sociétés au cœur du capitalisme avancé, telles que le Québec, les États-Unis et les pays de l’Europe qui connaissent le choc de l’austérité, que dans les rues des sociétés aux économies dites émergentes (Brésil, Inde, Bangladesh) et aussi lors des soulèvements arabes.
Deux nouvelles figures ont émergé de ces mouvements, la figure du 1 %, l’élite, et la figure la classe moyenne, souvent l’une étant présentée comme le pôle opposé de l’autre.
Comment théoriser ce retour de la conflictualité de classe ? Surtout dans un contexte où les sciences sociales ont largement abandonné cette question depuis leur tournant poststructuraliste. Nous croyons qu’un retour aux analyses de Marx sur la polarisation de classe peut servir de point de départ à la reconstruction d’une théorie critique du conflit social dans le capitalisme avancé.
Un tel retour doit, par contre, prendre acte du travail d’analyse critique du schéma de la reconnaissance fait par la philosophie politique et sociale contemporaine ; il doit se faire en tenant compte des relectures de oeuvres philosophiques de Marx qui questionnent la nature du sujet et de son agir dans le capitalisme à partir d’une analyse critique des catégories portant sur l’aliénation, nous pensons en particulier aux travaux de Franck Fischbach.
Finalement, il nous faut reconstruire le schéma marxien de la polarisation de classe en tenant compte de la structure institutionnelle et des rapports sociaux propres au capitalisme avancé. Car il faut aussi éviter l’impasse inverse à celle qui nie l’existence de conflits de classe dans la société contemporaine, soit plaquer naïvement ou dogmatiquement les catégories appropriées à une forme de capitalisme qui n’existe tout simplement plus. C’est là où nous devons travailler à explorer les rapports sociaux et les structures qui se tiennent derrière ces catégories de la pratique que sont la classe moyenne et l’élite ou le 1 %.
Assumant la rupture définitive de la théorie critique avec le néomarxisme des années 1970, nous entreprendrons ce travail dans une perspective compréhensive et herméneutique plutôt qu’avec la prétention de dévoiler les structures derrières des sujets pantins, ou d’être celui qui peut briser la fausse conscience des opprimés.