Lettre ouverte à Pierre Duhamel
Bonjour M. Pierre Duhamel,
Dans votre éditorial du 25 août dans Le Journal de Québec à la page 40, vous critiquez sévèrement les groupes écologistes qui s’opposent à l’exploitation des gaz de schistes, des mines d’uranium, et des centrales nucléaires. Vous voulez foncer rapidement sans préoccupation pour l’écologie, ni pour l’économie.
Concernant l’énergie nucléaire, vous affirmez ceci : « Une visite en radiologie représente pourtant une dose de radiations plus forte que celle d’un travailleur de la centrale nucléaire de Gentilly ne peut connaître en 20 ans de service. »
Sur le site web de la Commission canadienne de sûreté nucléaire on peut voir que de 2001 à 2007 la dose annuelle moyenne des travailleurs du nucléaire au Canada a été 1,77 millisieverts (mSv). Sur 20 ans cela fait 35,4 mSv. D’autre part, sur le site web de RadiologyInfo.org on peut voir qu’un scan tomographique médical de tout le corps impose une dose de 10 mSv.
Votre affirmation n’est donc pas correcte par plus d’un facteur de 3. Pour ce qui est d’une simple radiographie des poumons la dose est seulement 0,1 mSv, de sorte que votre affirmation n’est pas correcte par un facteur de 354. Je ne pense pas que l’économie québécoise pourra fructifier si les preneurs de décision se permettent des erreurs de calcul par un facteur qui va de 3 à plus de 300.
Dans ce contexte je vous suggère de lire le récent article ci-joint écrit par Andrew Chung dans le Toronto Star du 22 août 2010, article intitulé ‘’As Québec bathes in electricity money goes down the drain’’. Chung cite l’économiste de grande renommée Jean-Thomas Bernard de l’Université Laval.
Pourriez-vous m’expliquer comment notre économie pourra prospérer si nous entreprenons la réfection de Gentilly-2, jugée non-rentable par Ontario Power Generation, et si nous construisons des barrages générant de l’électricité à 12 cents le kilowattheure (kWh) et plus, pour la vendre aux USA à environ 8 cents/kWh ? Pour ce qui est des gaz de schiste le gouvernement accorde des permis et n’exige aucune redevance pour cinq ans. Qui paiera pour les dégâts environnementaux accompagnant les forages à grande échelle et la fracturation du sous-sol sous nos plus belles terres agricoles ? Des groupes écologistes demandent un moratoire sur les schistes afin d’étudier la question intelligemment.
Pour ce qui est de l’uranium les sondages montrent que les écologistes ont l’appui de la majorité du public québécois en faveur d’un Québec non-nucléaire. Vous devrez faire de meilleurs calculs pour renverser le jugement du public opposé au nucléaire.
Avec mes salutations, Michel Duguay