Espagne - Théâtre Lope de Vega, Festival de cinéma européen de Séville, projection de Visions d’Europe. Les spectateurs observent une minute de silence à la mémoire du cinéaste néerlandais, Théo Van Gogh, assassiné lundi 1er novembre. Son film Euroquiz, perspective sur une Europe qui se construit au rythme et au ton d’un concours télévisé, était l’un des courts-métrages composant Visions d’Europe.
Il est dit que le présumé assassin du cinéaste est Mohammed B., 26 ans, né dans un quartier immigrant d’Amsterdam. Jeune homme avec la double nationalité (marocaine et néerlandaise), qui parlait bien la langue du pays d’accueil.
Rapidement capté par les médias espagnols, ce « fait isolé » multiplie à lui seul les incidents xénophobes. Le mouvement d’extrême droite s’en réjouit ; on en profite pour brûler une école musulmane - dont il sera à peine question dans la presse nationale.
Le discours dérape. Le gouvernement néerlandais interprète l’incident comme le début d’un Djihad (guerre sainte) lancé contre son pays et en profite pour déclarer la guerre aux islamistes radicaux. Les immigrants sont alors perçus comme des indésirables.
Dans le quotidien El Pais du 8 novembre, la photo illustrant un article sur l’assassinat du réalisateur montre deux femmes voilées passant près de l’hôpital d’Amsterdam où repose le présumé assassin. Celles-ci n’ont pourtant aucun lien avec cette histoire, mais elles sont voilées, donc musulmanes. L’amalgame est vite fait. L’assassin est musulman et représente tous les musulmans des Pays-Bas, voire les musulmans de l’Europe et du monde entier.
L’Europe s’unit derrière l’ennemi commun : l’étranger non européen. Car dans cette constante représentation négative de l’immigration, notamment d’une immigration visible voire musulmane, on a construit l’image du barbare - que l’on doit tenir à l’écart de la Cité.
Les Pays-Bas se tournent vers l’Espagne pour consolider leur alliance dans la guerre contre le terrorisme. On soupçonne des liens entre Mohammed B. et les cellules terroristes espagnoles.