Le coup d’État perpétré contre le président hondurien, Manuel Zelaya, a provoqué un véritable mouvement d’unité nationale dans lequel le mouvement syndical joue un rôle important. Prétextant le caractère antidémocratique d’un référendum sur la Constitution du pays, l’armée a kidnappé en pleine nuit le chef du gouvernement pour l’expatrier à l’étranger. Composées majoritairement de travailleurs et de travailleuses agricoles, les trois confédérations syndicales du pays sont au centre d’une résistance que les militaires n’avaient certainement pas anticipée. Dans ce pays très pauvre d’Amérique centrale où l’armée est restée au pouvoir pendant plus dix ans, les luttes sociales et syndicales ont toujours fait l’objet d’une répression virulente des autorités. Cette économie nationale, dominée par le pouvoir de quelques grandes familles à la solde des entreprises étrangères, n’a pas un bilan particulièrement reluisant en matière de droits sociaux et syndicaux.
En 2008, au moment où le mouvement syndical entreprenait des pourparlers avec le gouvernement de Zelaya afin d’améliorer la condition des travailleurs et des travailleuses, la dirigeante de la Centrale unifié du Honduras (CUTH), Rosane Altagracia Fuentes, était lâchement abattue par des escadrons de la mort. Un leader du mouvement paysan faisait aussi les frais d’une attaque du même type tandis que les travailleurs et les travailleuses agricoles augmentaient la pression pour changer la situation dans les plantations agricoles. C’est justement ce mouvement pour une plus grande justice à l’endroit des démuni-es qui amènera le gouvernement hondurien à introduire des réformes politiques et sociales. Ces nouvelles politiques seraient les véritables raisons qui ont conduit au coup d’État.
Dans le journal Le Devoir du 12 septembre, le journaliste Jean-Pierre Legault rapporte que bien avant le coup d’État « la marmite bouillait déjà ». Le gouvernement a adopté des politiques progressistes telles que la gratuité scolaire et le rehaussement du salaire minimum, ce qui n’était pas particulièrement apprécié des élites du pays . Une délégation de la Confédération générale du travail (CGT) (France) affirmait récemment que le mouvement syndical hondurien reste convaincu que le coup d’État visait à affaiblir « le maillon le plus faible de l’Alliance bolivarienne des Amériques ». On le sait, le Honduras avait rallié récemment les États latino-américains qui ne sont pas dans le sillage politique de Washington .
Autre élément qui en dit long, le dernier rapport de la Banque mondiale sur la crise économique donne une mauvaise note au Honduras du président Zelaya pour avoir mis en place des politiques qui sont jugées contraires à la libéralisation du commerce international. Dans ce pays où le marché est maître, le gouvernement voulait simplement contraindre les entreprises à verser des indemnités aux travailleurs et aux travailleuses en cas de fermeture. La Confédération syndicale internationale (CSI) a notamment dénoncé ce rapport et rappelé que dans le contexte actuel de la crise il est « insensé de préconiser une réduction des mesures sociales » surtout dans un pays comme le Honduras qui n’a pas d’assurance pour les chômeurs .
Si le mouvement en faveur de la démocratie se maintient, c’est certainement grâce à la dénonciation internationale du coup d’État et à la multiplication des appuis interna¬tionaux. Les trois confédérations syndicales affiliées font jusqu’à maintenant l’objet d’une solidarité syndicale mondiale qui est nécessaire surtout pour contrer la vague de répression et d’assassinats qui frappent les militantes et les militants du pays.