Après 9 jours de négociations, il n’y a plus doute, nous avons déjà vu ce film. C’est le troisième remake de Copenhague et Cancun. Les mêmes acteurs. Le même script. Les documents sont produits en dehors des lieux officiels de négociation. Dans des réunions privées, dans des dîners auxquels les 193 Etats membres n’assistent pas. Le résultat de ces rencontres ne sera connu que le dernier jour. A Copenhague, il était à deux heures du matin, le lendemain du jour où la conférence aurait dû se terminer. A Cancun, le projet de décision n’est apparut que le dernier jour, à 17 heures, et n’a pas été ouvert à la négociation, il n’était même pas possible de corriger une virgule.
Dans ces deux occasions, la Bolivie est restée ferme. En cause : les engagements de réduction des émissions des pays industrialisés extrêmement faibles qui mènent à une augmentation des températures mondiales moyennes de plus de 4°Celsius. À Cancun, la Bolivie s’est retrouvée seule. Je ne pouvais pas faire autrement. Comment accepter le même document que nous avions refusé à Copenhague, en sachant que 350.000 personnes meurent chaque année de catastrophes naturelles causées par les changements climatiques ? Garder le silence est se rendre complice de génocide et d’écocide. Accepter un désastre pour ne pas se retrouver seul est la solution de la diplomatie des lâches. D’autant plus quand on proclame la « Diplomatie des Peuples » et qu’on a promis de défendre « L’Accord de Cochabamba » issu de la Conférence mondiale des peuples sur les changements climatiques et les droits de la Terre Mère.
Durban sera pire que Copenhague et Cancun. A Deux jours de la clôture, le vrai texte de négociation n’est pas encore connu. Chacun sait que l’actuel document de 131 pages n’est qu’une compilation des propositions qui étaient déjà sur la table au Panama il y a deux mois. Les négociations officielles ont à peine avancé. Le document réel apparaîtra vers la fin du COP17.
Mais plus important encore, la substance des négociations reste inchangée depuis Copenhague. Les engagements de réduction des émissions par les pays développés restent encore entre 13% et 17% par rapport aux niveaux de 1990. Tout le monde sait que c’est une catastrophe. Mais au lieu de s’indigner, ils tentent d’édulcorer le poison. L’emballage de ce paquet sera la deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto et un mandat pour un nouvel accord contraignant. Le contenu du paquet sera le même que celui de Copenhague et de Cancun : ne pratiquement rien faire en termes de réduction des émissions durant cette décennie et obtenir un mandat pour négocier un accord qui sera encore plus faible que le Protocole de Kyoto et qui le remplacera en 2020. Le nom de ce film est "La Grande Evasion III", il raconte comment les gouvernements des pays riches ainsi que des sociétés transnationales essayent d’échapper à leur responsabilité de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Au lieu de se renforcer, la lutte contre les changements climatiques devient de plus en plus édulcorée et flexible, avec des engagements volontaires de réduction des émissions. L’inconnue est : qui se dressera cette fois à la fin, pour dénoncer la fraude ? Ou est-ce que cette fois, tout le monde acceptera le remake de Copenhague et de Cancun ?
La vérité est qu’au-delà de la scénographie et la dernière scène, la fin de ce film sera la même que celle de Copenhague et de Cancun : l’humanité et la Terre Mère seront les victimes d’une élévation de température inconnue depuis 800.000 ans.