En 1888, l’écrivain américain Edward Bellamy avait imaginé à quoi pourrait ressembler un monde débarrassé des inégalités et de la cupidité du capitalisme triomphant. L’avènement de cette société idéale était décrit en détail dans un roman étonnant, Looking Backward, présentant un jeune endormi en 1887 qui se réveillait en l’an 2000.
Évidemment, Edward Bellamy ne pouvait pas tout prévoir. Avec le recule, les limites de sa société idéale apparaissent évidentes. Par exemple, il persiste à considérer la femme comme une sorte de bibelot doté d’intelligence. De même, il ne peut imaginer qu’un monopole exercé par l’État sur l’économie et sur la société puisse mener à la tyrannie.
À son époque, le roman de Bellamy connut un retentissement considérable. Il joua même un rôle prépondérant dans l’éveil des consciences de nombreux activistes du début du XXe siècle. Au point où l’on s’étonne qu’un roman traversé par des visions aussi géniales ait pu sombrer dans l’oubli, du moins dans le monde francophone.
Rehaussée par une introduction fort pertinente, l’édition de C’était demain proposée par Lux Éditeur ne se contente pas de réhabiliter une œuvre largement oubliée. Elle rappelle aux lecteurs d’aujourd’hui le rôle du rêve et de l’imagination dans l’avènement des grandes transformations sociales.
Cent vingt ans plus tard, le roman d’Édouard Bellamy parle encore de l’avenir, et c’est nous qui écrivons au passé.