Melé est chanteuse de bar. Son mari Chaka est sans emploi. La cour qu’ils partagent avec d’autres familles est la scène d’un procès inusité : la Banque mondiale est au banc des accusés, et de simples citoyens maliens sont appelés à la barre.
« Pourquoi, quand je sème, je ne récolte pas ? Pourquoi, quand je récolte, je ne mange pas ? », demande au juge le paysan Zugué Bamba.
Avec Bamako, le réalisateur Abderrahmane Sissako (La vie sur terre) dresse un portrait accablant des problèmes de sous-développement de l’Afrique. Pour les témoins amenés à comparaître, une cause est commune : la dette, qui s’élevait pour l’Afrique à 220 milliards de dollars en 2003, constitue le principal frein à l’émancipation du peuple africain.
Sissako semble avoir pris un malin plaisir à mélanger réalité et fiction. Chaka est interprété par Tiécoura Traoré, cheminot malien récemment mis à pied, avec 800 camarades, lors de la privatisation du rail malien. Aminata Dramane Traoré, figure altermondialiste bien connue, livre également un plaidoyer des plus éclairants sur la perversité de l’ajustement structurel au Mali.
Présenté en avant-première au Festival de Cannes l’an dernier, Bamako connaît en Europe un succès retentissant. Gagnant du Grand prix du public au Festival de Paris, les projections sont régulièrement suivies de débats animés par des organisations militantes pour l’annulation de la dette (CADTM, Attac).
L’Équipe du Festival de films sur les droits de la personne de Montréal, qui se tiendra du 23 au 29 mars prochain, nous offre Bamako en ouverture au Cinéma du Parc. Le Festival, qui en sera à sa deuxième édition cette année, présentera une série de courts et longs métrages où droits humains et libertés fondamentales sont à l’honneur.