N’ajustez pas votre appareil. Aux États-Unis, 91 % des stations de radio « parlante » sont orientées à droite. Voilà les conclusions inquiétantes d’une étude menée conjointement par le Center for American Progress et le Free Press, deux institutions vouées à la promotion de la justice sociale. Leur travail, intitulé The Structural Imbalance of Political Talk Radio, porte sur 10 306 stations de radio, qui rejoignent au total environ 50 millions d’Américains.
D’ordinaire, les grands pontes des médias expliquent la mainmise de la droite sur les radios américaines par les préférences qu’afficheraient les auditeurs. Ou encore, ils la font remonter à l’abolition en 1987 de la Fairness Doctrine, un règlement qui contraignait les radiodiffuseurs à équilibrer les points de vue présentés dans les émissions d’affaires publiques.
En fait, l’étude démontre que l’orientation idéologique des stations dépend plutôt de leur structure de propriété. En effet, les stations appartenant à de grands groupes média proposent davantage d’émissions orientées à droite. Sur les 257 stations étudiées appartenant aux cinq plus grands groupes médiatiques, 236 ne diffusaient pas une seule émission ou même un seul commentateur qui puisse être associé à la gauche.
À l’inverse, les radios indépendantes ou celles qui appartiennent à de petits groupes ont davantage tendance à présenter une information équilibrée. Dommage qu’elles se fassent de plus en plus rares.
Il est vrai que depuis la déréglementation quasi complète des télécommunications, en 1996, un groupe comme Clear Channel a vu son empire passer de 40 stations à plus de 1200.
D’une manière générale, la programmation apparaît plus équilibrée dans les grandes villes, notamment à New York ou à Chicago, où la compétition est plus grande. Reste qu’à l’intérieur de certains marchés, comme par exemple à Houston ou à Dallas, les auditeurs n’entendent jamais un point de vue qui puisse être même très vaguement assimilée à celui de la gauche.
Et la situation n’est pas beaucoup plus rose du côté de la presse écrite. Selon une étude rendue publique par Mediamatters for America, environ 60 % des chroniqueurs diffusés par les chaînes de journaux sont conservateurs. Parmi les 10 chroniqueurs les plus largement diffusés au sein de la presse américaine, cinq sont conservateurs, deux sont considérés « centristes » et trois sont qualifiés de « progressistes ». Le roi des chroniqueurs aux États-Unis, le très conservateur George F. Will, est publié dans 328 quotidiens dont le tirage combiné atteint plus de 21,2 millions de copies.
Ces conclusions démentent les idées reçues sur le parti pris progressiste (liberal), voire même gauchiste, de la presse et des médias aux États-Unis. Elles permettent aussi d’apprécier sous un autre jour le slogan de la chaîne pro-républicaine Fox-news : Fair and Balanced.
À quand des études comparables au Canada et au Québec ?