Implantées principalement après les ententes de libre-échange au Mexique et dans toute l’Amérique centrale, les usines d’assemblage multinationales bénéficient d’une main-d’œuvre bon marché pour leur production textile, électronique et automobile. Beaucoup d’emplois à la clé et une consommation excessive d’eau et d’énergie accompagnée d’une pollution de grande ampleur. Mais ces « Maquiladoras » sont surtout connus pour l’exploitation des travailleuses (en majorité) et des travailleurs.
Une fois que l’on franchit les portes de l’usine, on entre dans un monde parallèle, où l’exploitation intense, le harcèlement sexuel comme manière de discipliner et l’interdiction de se syndiquer se combinent librement pour que s’assemblent pompes, jeans, lecteurs DVD ou montres-bracelets et que l’ensemble soit réexpédié vers les États-Unis. « On dirait de la fiction, mais cela n’en est pas, c’est la réalité et c’est l’enfer », condamne Ramona Ojeda, travailleuse et activiste des usines « maquiladoras ».
Chasse aux syndicats
Au Honduras et au Nicaragua, les lois se radicalisent pour empêcher la libre adhésion aux syndicats et leur existence même. Les rapports annuels sur les droits syndicaux des pays d’Amérique centrale publiés par la Centrale syndicale internationale (CSI) font état de congédiements collectifs et individuels pour empêcher la formation des syndicats, de menaces de morts et de harcèlement contre les syndicalistes, de fermeture de centres de travail et de circulation de listes noires de syndicalistes entre les employeurs.
Délocalisation des coûts environnementaux
Pour fabriquer des tissus à la fois doux et résistants, les industriels ont recours à des traitements à base de formaldéhydes, de soude caustique, d’acide sulfurique, de brome et de sulfamides, des composés particulièrement dangereux pour la santé des travailleuses et qui seront « meilleur marché » à gérer au Sud.
Le libre-échange a aussi conduit à l’élimination de l’obligation de la part des entreprises étrangères de rapatrier leurs déchets toxiques. Si bien que dans certaines usines ceux-ci s’accumulent des années durant sans qu’aucun contrôle ne vienne inquiéter leurs propriétaires.
Les femmes vivent des conditions de précarité et d’inégalité au niveau du travail.
Aujourd’hui les Maquiladoras, principalement du secteur textile, constituent la principale source d’emploi dans la région. Soixante-quinze pour cent des travailleurs de Maquiladoras ont en moyenne 25 ans et 80% sont des femmes. Les femmes sont soumises à des conditions de travail très dures et à une violence persistante, incluant sexuelle. Le non respect des droits paritaires des femmes honduriennes et nicaraguayennes suscite l’inquiétude des experts du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes des Nations Unies.