112 ouvrières d’un fournisseur de grandes marques brûlées vives

jeudi 29 novembre 2012, par Nolwenn Weiler

Occupées à confectionner des tee-shirts, des polos ou des vestes polaires, 112 personnes sont mortes dans l’incendie de leur usine - Tazreen Fashions, à Dacca, au Bangladesh. Prises au piège des flammes, la plupart des employés de l’usine, majoritairement des femmes, ont été brûlés vifs, d’autres ont été contraints de sauter par la fenêtre pour s’échapper et ont fait des chutes mortelles. Le groupe Tuba, qui possède l’usine, travaille notamment comme fournisseur pour les marques Auchan, C&A, Carrefour, Casino, Go Sport, Pimkie, Walmart et de nombreuses autres marques de vêtements européennes (voir la liste des entreprises travaillant avec ce groupe).

D’après les premières informations obtenues sur place, l’incendie aurait été causé par un court-circuit électrique, comme plus de 80% des incendies d’usines textile recensés par le Collectif Éthique sur l’étiquette dans le pays. Des pompiers ont en outre indiqué que le bâtiment ne disposait pas de suffisamment d’issues de secours, toutes condamnées par l’incendie.

« Négligence criminelle »

Ces défauts de sécurité sont dénoncés depuis de nombreuses années par le collectif Éthique sur l’étiquette et la campagne Clean Clothes (vêtements propres). En six ans, plus de 500 personnes ont trouvé la mort dans des incendies d’usines d’habillement au Bangladesh, selon le recensement des associations Peuples solidaires et Action Aid, qui lancent un appel à solidarité. Les marques de vêtements et de grande distribution savent que beaucoup des usines avec lesquelles elles travaillent sont potentiellement des pièges mortels. Pour Fanny Gallois, coordinatrice des appels urgents du collectif Éthique sur l’étiquette, « leur inaction face à ce problème est une négligence criminelle ».

De son côté, le groupe Carrefour a précisé à Basta ! ce 27 novembre « qu’il n’est pas un client de l’usine Tazreen Fashion dans laquelle s’est produit le dramatique incendie à Dacca samedi. Il se fournit dans une autre usine de Tuba Group qui fabrique aujourd’hui pour lui des t-shirts et qui est régulièrement auditée ». Sur place, les documents et les étiquettes retrouvés au sein de l’usine calcinée mentionnent notamment Walmart, C&A, Piazza Italia ou Teddy Smith, ainsi que Enyce, la ligne de vêtement créée par le rappeur états-unien Puff Daddy (Sean Combs de son vrai nom). Selon le quotidien britannique The Guardian, C&A a confirmé ses liens avec l’usine mais n’a pas souhaité donné davantage de détails. « Nous appelons ces donneurs d’ordre à s’assurer qu’une compensation adéquate sera versée aux victimes et à leurs familles », insiste la campagne Clean Clothes.

En lien avec d’autres organisations syndicales et ONG bangladaises et internationales, le collectif Éthique sur l’étiquette a développé un programme de sécurité et de prévention des incendies contraignant et transparent. Il prévoit notamment des inspections par des experts indépendants ; l’obligation de rénover et réparer les locaux et matériels qui ne seraient pas aux normes ; la prise en compte, dans les contrats avec les fournisseurs, du coût lié à la sécurisation des usines. Il est enfin assorti de l’obligation juridique, pour les marques qui l’acceptent, de respecter leurs engagements. Pour le moment, aucune marque française ne l’a signé. Au Bangladesh, le salaire minimum d’une ouvrière du textile est de 38 dollars par mois.

 Article mis à jour le 27 novembre suite à un nouveau communiqué de la Clean Clothes Campaign et aux précisions apportées par Carrefour.


Voir l’original sur le site de Basta !

Crédit photo : Flickr / DavidDenniesPhotos.com

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