Espagne

Podemos aura pu, « sí podemos » (oui, nous pouvons), réduire à peu de choses l’espoir indigné d’offrir un début de sortie d’une terrible crise sociale (sans parler de son échec dramatique à peser pour le droit d’autodétermination de la Catalogne) et d’un régime qui ne se survit que par défaut.

Les 11 et 12 février, la gauche mondiale aura les yeux tournés vers le deuxième congrès de la courte – mais déjà dense – histoire de Podemos. Alors qu’au même moment la convention nationale du Parti populaire (PP) devrait reporter Mariano Rajoy à la tête de son parti, l’« Assemblée citoyenne » de Podemos (« Vistalegre 2 ») s’annonce riche en débats, et peut-être en événements… Différents secteurs d’opinions s’affrontent. Des échanges, la plupart du temps argumentés, nous permettent d’ores et déjà de passer en revue les défis qui attendent ce parti qui a manqué son pari initial : la conquête rapide du (...)
Les résultats obtenus le 20 décembre dernier par Podemos, En Comú Podem, En Marea, Compromis et IU-UP [Izquierda Unida-Unité populaire] ont été excellents, ils indiquent un progrès sans précédent des forces du changement. Il n’est pas suffisant. Il n’a pas été possible d’éjecter le Parti populaire (PP) du gouvernement, ni de dépasser, en nombre de sièges, un PSOE immobiliste et encore moins de former un gouvernement favorable aux intérêts de la majorité sociale. Toutes les possibilités restent ouvertes pour la deuxième mi-temps qui se jouera le 26 juin 2016, y compris une option de régression que (...)
Le mouvement espagnol Podemos émane-t-il vraiment des Indignés ? Construit en tension sur deux modèles de démocratie (participative et plébiscitaire), Podemos dépend de la confluence d’une multitude de mouvements participatifs locaux et de leurs succès électoraux au cours des mois qui viennent. Focalisées sur le personnage de Pablo Iglesias, les analyses du mouvement espagnol Podemos dénoncent souvent son « populisme » [1]. La success story de Podemos tient indubitablement aux capacités médiatiques de son leader, qui revendique de fait un populisme positif imprégné de références (...)
L’expérience prouve que les mouvements de gauche peuvent arriver au gouvernement, mais ils ne détiennent pas pour autant le pouvoir. La démocratie, c’est-à-dire l’exercice du pouvoir par le peuple et pour le peuple, requiert bien davantage. Le problème se pose aujourd’hui en Grèce avec Syriza, se posera en Espagne avec Podemos (si ce parti remporte les élections générales de fin 2015) comme il s’est posé, hier, au Venezuela avec l’élection à la présidence de Hugo Chávez en décembre 1998, en Bolivie avec celle d’Evo Morales en 2005, en Équateur avec celle de Rafael Correa en décembre 2006 ou encore, (...)
Il y a beaucoup de temps que la crise frappe durement la classe travailleuse : des licenciements, des réductions de salaires et de prestations sociales, des attaques à l’enseignement et à la santé publique … Aujourd’hui le discours de la crise qui dit que c’est un mal temporel ne trompe pas personne et non plus que nous sortirons bientôt d’elle. La réponse à cette offensive du capital n’a pas été une réaction avec les instruments traditionnels de la classe ouvrière. La peur de la perte du travail et l’énorme division matérielle de la classe ouvrière, à cause des réformes de travail et de la (...)
Plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté contre l’austérité et le remboursement d’une dette jugée « odieuse », à Madrid le 22 mars. Trois ans après le « mouvement des indignés », collectifs citoyens, syndicats et partis de gauche ont réussi à s’unir pour « le droit à une vie digne pour tous ». La mobilisation réussira-t-elle à dépasser les dissensions et les nombreuses défiances vis-à-vis des organisations traditionnelles ? Une grève générale se prépare pour avril. C’est une mobilisation sans précédent dans l’histoire de la démocratie espagnole. Près de deux millions de personnes, (...)
L’amour est devenu un objet de marketing. La Saint-Valentin, le « jour des amoureux », en est le meilleur exemple. Tout est bon pour faire du commerce et mettre un prix sur ce que nous ressentons. Une rose rouge serait la sublime expression de l’amour, transformé en marchandise. Des millions de roses sont ainsi vendues le jour de la Saint-Valentin. Mais d’où viennent-elles ? Comment ont-elles été cultivées ? Par qui ? La majeure partie de ces roses viennent du Kenya, d’Ethiopie, de Colombie et d’Equateur, qui sont les plus grands exportateurs vers l’Union européenne. Leur origine a fort (...)
Il semble qu’on a trouvé l’invention ultime pour mettre fin à certains fléaux dans l’agriculture. Il s’agit de la mouche transgénique. Et le premier endroit de la planète où l’on envisage de l’utiliser n’est autre que la Catalogne. Ce n’est pas pour rien que l’Etat espagnol est la principale porte d’entrée des transgéniques en Europe. Dommage que ce qui nous est vendu comme la solution magique au fléau de la mouche de l’olivier soulève plus de questions que de réponses. L’information, diffusée cet été, est passée relativement inaperçue si l’on tient compte des conséquences qu’une telle découverte (...)
Esther Vivas est une combattante infatigable de la résistance civique, membre du Conseil Scientifique d’ATTAC, activiste et chercheuse en mouvement sociaux et en politiques agricoles et alimentaires. Elle est en outre diplômée en journalisme et fait partie du Centre d’Etudes sur les Mouvements Sociaux de l’Université Pompeu Fabra de Barcelone. Elle est auteure de plusieurs livres, dont le plus récent est « Planeta Indignado. Ocupando el futuro » (Sequitur, 2012). Avec Josep Maria Antentas, elle y explique les caractéristiques du Mouvement du 15-M, ou mouvement des Indignés qui, au cours du (...)
Année après année, la population paysanne mondiale diminue. L’exode rural était devenu une réalité palpable au cours du XXe siècle, ce qui a provoqué un changement radical des paysages et de l’agriculture paysanne traditionnelle. En 2007, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la majeure partie de la population mondiale vivait déjà dans des villes. L’Etat espagnol n’a pas fait exception. L’agriculture y est passée du statut d’une des principales activités économiques à une pratique quasiment résiduelle. Si, dans les années 1970, 25% de la population active travaillait encore dans le (...)
Ramener les femmes au foyer. Tel est, semble-t-il, ce que cherchent les politiques actuelles de sortie de crise. Des politiques qui ont une claire orientation idéologique, tant au niveau économique que social. Dans la mesure où l’on coupe dans les services publics de base, comme la santé et l’enseignement, et dans des prestations sociales diverses, comme la Loi de Dépendance, il y a tout un travail de soin, invisible mais nécessaire, qui finit par retomber, majoritairement, sur les femmes. L’attaque frontale contre un Etat Providence en piteux état, de même que le transfert du coût de (...)
Depuis le début des années 2000, la lutte sociale pour l’indépendance s’intensifie en Catalogne. Manifestations monstres, rejet du paternalisme fiscal imposé par le gouvernement de Mariano Rajoy et indifférence à l’Espagne sont au cœur d’une contestation croissante. Devant les récentes impasses avec le gouvernement central, le président catalan, Artur Mas, a annoncé des élections législatives anticipées pour le 25 novembre et proposé la tenue d’un référendum sur l’autodétermination, ce que Madrid conteste. Lutte sur fond de déboires économiques D’après un sondage du quotidien barcelonais La (...)
On les croyait disparues ces figures d’un autre temps. Emportées par une certaine idée du Progrès, par ces vagues successives de désindustrialisation. Enfouies dans un passé aussi creux que leurs mines et, surtout, rendues impuissantes par leur isolement et leur appauvrissement. C’est pourtant eux, les mineurs, qui aujourd’hui montrent la voie, lampe frontale à la tête, aux Indignados et autres protestataires espagnols dans la lutte contre l’austérité du gouvernement de Mariano Rajoy. Un symbole fort à l’ère de la contestation 2.0. Après une grève de quatre semaines restée sans effet, les (...)
Les récentes manifestations qui ont frappé l’Espagne ne sont que la démonstration de la frustration montante d’une partie de la population envers une société qui dénie l’équité pour ces citoyens. Des milliers ont été rendus plus vulnérables, se retrouvent sans travail, sans domicile fixe, et sont enclins à l’exclusion sociale. Certes, leur situation a été exacerbée par la crise. Il n’en reste pas moins que le problème est le résultat de plusieurs années de mauvaise gestion politique et d’une série de décisions économiques. Ces dernières ont ignoré le bien commun de toute une portion de citoyens et (...)
ESPAGNE – Même si les tentes ont disparu des grandes places publiques espagnoles, les « indignés » du mouvement M-15 n’abandonneront pas leur lutte pour se faire entendre des politiciens « qui ne sont pas à l’écoute de la population », promet Santiago Diossa Muños, un militant de 23 ans qui a campé à la Puerta del Sol de Madrid tout le mois qu’a duré l’occupation de la place par les manifestants. « Le campement n’est pas indispensable, explique le jeune militant. C’était une bonne façon de faire entendre notre message, mais c’est évident qu’on ne pouvait pas rester dans la rue éternellement. » Il (...)
Le mouvement du 15 mai (M-15) a impliqué une authentique irruption dans la vie politique et sociale de l’Espagne, bien au-delà de la campagne électorale [élections municipales et régionales]. Des centaines d’assemblées se sont constituées sur l’ensemble du territoire ibérique, regroupant des milliers de personnes indignées par la situation politique actuelle. Aussi bien le 15 mai que les jours suivants, des milliers de personnes se sont entassées sur les places et dans les rues de ce pays au cri : « Ils ne nous représentent pas ! » Il faut dire que le mécontentement populaire avait été (...)
Il n’y a plus de doutes. Le vent qui a électrisé le monde arabe ces derniers mois, l’esprit des protestations répétées en Grèce, des luttes étudiantes en Grande-Bretagne et en Italie, des mobilisation anti-Sarkozy en France… est arrivé dans l’État espagnol. Il n’y a plus de place pour le « business as usual ». Les confortables routines mercantiles de notre « démocratie de marché » et ses rituels électoraux et médiatiques se sont vus soudainement perturbés par l’irruption imprévue dans la rue et dans l’espace public d’une mobilisation citoyenne. Cette révolte des indigné-e-s inquiète les élites (...)
C’est dans le cadre de la campagne « Enlazando Alternativas » (« relions entre elles les alternatives ») que se tiendra le 4e Sommet des peuples du 14 au 18 mai 2010 à Madrid, pour y dénoncer la politique impérialiste de l’Union européenne, pour tisser des liens et construire des alternatives entre les mouvements sociaux européens et les résistances latino-américaines. Depuis maintenant plus d’une décennie, l’Amérique latine apparaît comme une zone de tempêtes pour la domination néolibérale planétaire. Elle a connu les plus importantes mobilisations collectives contre les conséquences sociales, (...)
Frank Westerman, écrivain néerlandais, était de passage à Montréal dans le cadre du Salon du livre, et Alternatives en a profité pour le rencontrer et l’entretenir sur son dernier livre, El Negro et moi. Celui-ci met en scène un petit homme noir empaillé, comme une bête, au XIXe siècle et exposé jusqu’à très récemment dans un village de Catalogne. Une histoire vraie. C’est en 1983 que Frank Westerman a fait la désagréable rencontre de l’homme empaillé. Âgé de 19 ans, il était en voyage en Espagne. Faisant de l’auto-stop, c’est un peu par hasard qu’il s’est retrouvé dans le village catalan de Banyoles (...)
« Et dès lors ce fut le feu / ce fut la poudre / ce fut le sang », écrivait le poète Pablo Neruda en repensant au matin du 19 juillet 1936 et au choc du coup d’État orchestré par quelques colonels espagnols. Soixante-dix ans déjà... Des colonels accoquinés aux grands propriétaires, aux catholiques et aux fascistes (« phalangistes » en Espagne), et voilà le camp « nationaliste » - quel joli nom... - qui pose sa botte sur la moitié de l’Espagne. Ailleurs, le peuple de « l’Espagne pauvre par la faute des riches », disait Neruda, se rassemble, ameuté par la rumeur. On se masse devant les casernes, avec (...)

« Nous revenons de l’enfer. Nous savions que les chemins que nous empruntions pour entrer en Espagne sont pleins d’embûches, mais nous ne pouvions pas imaginer cette rage et cette haine des forces de sécurité marocaines et de la Guardia, la police espagnole. Quelles instructions ont-elles reçu ? Que leur a-t-on dit à notre sujet pour qu’ils nous brisent ainsi les os et le moral ? »

Dans la foulée du 11 septembre, et davantage après le 11 mars 2004 à Madrid, sur fond de « choc des civilisations », on a confondu l’immigrant et le réfugié avec le terroriste.

Espagne - Théâtre Lope de Vega, Festival de cinéma européen de Séville, projection de Visions d’Europe. Les spectateurs observent une minute de silence à la mémoire du cinéaste néerlandais, Théo Van Gogh, assassiné lundi 1er novembre. Son film Euroquiz, perspective sur une Europe qui se construit au rythme et au ton d’un concours télévisé, était l’un des courts-métrages composant Visions d’Europe. Il est dit que le présumé assassin du cinéaste est Mohammed B., 26 ans, né dans un quartier immigrant d’Amsterdam. Jeune homme avec la double nationalité (marocaine et néerlandaise), qui parlait bien la (...)
Jorge Semprun, sans doute l’un des écrivains les plus marquants du XXe siècle, est né à Madrid, puis s’est installé à Paris en 1939. De là, il est vite entré dans la clandestinité au cours de la Deuxième Guerre. Arrêté par la Gestapo, il a passé les dernières années de la guerre incarcéré au camp de Buchenwald. C’est surtout cette vie-là, qu’il nous a jusqu’ici contée, à travers des œuvres telles que L’écriture ou la vie, ou encore Le mort qu’il faut. Seulement, Semprun a eu une autre vie, celle d’après les camps, celle d’un membre du Comité central du parti communiste espagnol, dont il coordonna les (...)
Photo ©Dominic Morissette J’ai quitté l’Afghanistan pour l’Espagne le 5 mars, à un moment où la situation politique ne semblait que s’envenimer. L’attaque contre les membres d’une de nos organisations partenaires afghanes, qui a fait cinq morts à la fin février, et l’agression contre un collègue et ami quelques jours avant mon départ, réaffirmaient le climat d’incertitude et d’insécurité qui règne actuellement dans l’ensemble du pays. Depuis déjà plusieurs jours, je rêvais aux vacances, à l’Andalousie et au flamenco. Je quittais tout de même avec une pincée de nostalgie ce ciel de Kaboul où (...)

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