
Contrairement à ses oeuvres précédentes, Une sale histoire n’est pas une série de nouvelles de fiction. Dans ce nouvel ouvrage, l’auteur partage avec les lecteurs quelques récits fictifs mais aussi, et surtout, ses critiques de l’actualité politique, des conflits qui colorent certaines régions du monde, des personnages qui ont marqué l’histoire pour de bonnes ou de mauvaises raisons. En toile de fond à une critique acerbe des politiques étasuniennes, on note un certain sentiment perplexe où se côtoient culpabilité et victimisation en lien avec l’histoire de l’Amérique latine, son continent d’origine. « C’est au Chili qu’a commencé l’expérimentation globale qui a dénaturé la politique, corrompu l’art du possible et imposé la force comme unique argument du pouvoir. C’est la grande défaite de ma génération, c’est ma défaite de citoyen du monde, et elle pèse comme une pierre tombale, de tout son poids, chaque 11 septembre. »
Il refuse ainsi que l’Amérique latine soit réduite à l’histoire telle qu’elle est présentée dans les manuels pédagogiques : « Notre histoire réelle, méditée, consensuelle, n’est pas encore écrite » et de rajouter que l’histoire latino-américaine réside dans la rupture des incertitudes qui en ont marqué l’histoire. « L’Amérique latine n’est pas dans le commerce des terres ni dans le projet de livrer la Patagonie aux États-Unis en échange de la dette extérieure argentine », elle repose précise-t-il dans l’audace créatrice de certains tel que le président brésilien Lula ou l’intellectuel argentin Miguel Bonasso.
Une sale histoire porte bien son nom, puisque si l’ouvrage était présenté comme une œuvre de fiction, nous en serions tous soulagés mais voilà que la réalité est tout autre et que cette histoire est bel et bien la nôtre, aussi sombre soit-elle.