Un ras-le-bol étudiant à l’UQAM : auront-ils leur soupe populaire ?

jeudi 14 février 2013, par Karine Pontbriand

L’automne dernier, une quinzaine d’étudiants de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) se sont regroupés au sein du collectif Ras-le-bol en vue d’obtenir, après des tentatives infructueuses, la création d’une soupe populaire à l’université. L’objectif est clair : instaurer le service quotidien de repas gratuits pour les étudiants, en réponse à un besoin de plus en plus réel.

Depuis le début de la session hivernale en janvier, plusieurs événements et moyens de pressions ont été utilisés afin de démontrer un soutien étudiant à ce projet. « Nous avons commencé par distribuer des pommes, puis du café et des biscuits afin de nous faire connaître », explique Corinne Lachance, l’une des membres du Ras-le-bol. Par la suite, le collectif a organisé la tenue de soupers gratuits hebdomadaires. « Chaque jeudi, entre 200 et 300 personnes s’y présentent et la réaction est très positive. L’ambiance est de plus en plus festive, les gens sont contents », ajoute Corinne.

Selon le Ras-le-bol, la soupe populaire vise à combler un besoin primaire : contrer la précarité étudiante en fournissant une aide alimentaire. « Les chiffres le démontrent : 80% de la population étudiante vit sous le seuil de la pauvreté. En servant des repas gratuits, on contribue à fournir une saine alimentation, ce qui représente un facteur essentiel de la réussite scolaire », affirment les membres du collectif.

Or, il semble que l’administration de l’université ne soit pas réellement ouverte à appuyer le projet. Au cours des dix dernières années, plusieurs personnes ont tenté de créer une soupe populaire, mais chacune des tentatives s’est heurtée à des problèmes administratifs. Le Ras-le-bol y voit un manque de volonté de la part de l’administration.

Une nouvelle ouverture ?

Du côté de l’administration, on dit avoir montré une récente ouverture au projet du Ras-le-bol. « Jusqu’à la semaine dernière, on ignorait qui faisait partie du collectif. Il était donc impossible pour nous de comprendre leurs intentions. Or, on a finalement pu leur parler et entendre leurs revendications », explique Jenny Desrochers, directrice par intérim de la division des relations avec la presse et des événements spéciaux de l’UQAM. « Mardi, le nouveau recteur de l’université, Robert Proulx, s’est dit ouvert au projet, mais pas à n’importe quel prix. Il faut notamment que le collectif démontre un intérêt de la part d’une majorité d’étudiants », ajoute-elle.

Parmi les arguments de l’administration, on retrouve surtout celui de la précarité des emplois au sein des services alimentaires. « Il faudra qu’on se rencontre, les membres du Ras-le-bol, de l’administration et du Syndicat des employées et employés de l’UQAM, pour voir comment le projet de soupe populaire est viable », affirme Mme Desrochers.

Une réponse qui satisfait plus ou moins le collectif. « L’impression générale des membres du Ras-le-bol, c’est que ce sont-là de belles paroles, mais pas une réelle volonté de mettre de l’avant le projet », raconte Véronique Granger-Brodeur, une autre membre du collectif. « Nous avons l’intention de poursuivre la voie bureaucratique formelle, mais nous ne cesserons pas les moyens de pression tant qu’on n’aura pas l’impression qu’il y a un avancement concret », ajoute Véronique.

Concurrence relative

La nourriture actuellement servie par le Ras-le-bol est végétalienne, tout comme celle qui sera distribuée par la soupe populaire. Le collectif n’y voit donc pas une compétition pour la cafétéria. « En distribuant des repas végétaliens, nous avons ciblé un certain groupe de personnes. Ceux qui désirent manger à la cafétéria vont continuer d’y aller. La vraie compétition de l’UQAM, c’est la rue Saint-Denis, pas la soupe populaire », explique Corinne.

En servant seulement 300 ou 400 dîners par jour, sur une population totale d’environ 40 000 étudiants, il ne semble pas que le projet puisse nuire de façon dramatique aux services alimentaires déjà établis dans l’UQAM. 

De telles initiatives étudiantes ont d’ailleurs déjà fait leurs preuves dans les universités montréalaises anglophones. Le Midnight Kitchen de l’Université McGill ainsi que le People’s Potato de l’Université Concordia existent depuis plusieurs années ; et le People’s Potato partage la cuisine de la cafétéria. Ces deux collectifs appuient activement le Ras-le-bol en aidant à l’approvisionnement pour les repas du jeudi soir.


Crédit photo : Karine Pontbriand

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