Tsunami politique

jeudi 29 mars 2007, par Gil COURTEMANCHE

Toujours dangereux de réagir à chaud quelques heures seulement après les résultats d’une élection aussi fascinante que celle du lundi 26 mars, au Québec. Mais, allons-y car il me semble que quelques évidences lourdes de conséquences se dégagent.

Deux chiffres en premier : 50 % et 28 %. Le premier, c’est l’intention de vote des Québécois pour le PQ quelques semaines après l’élection de d’André Boisclair à la tête de ce parti. 28 %, c’est le vote pour le PQ de d’André Boisclair après moins de deux ans de leadership.

On pourrait excuser cette descente aux enfers si l’adversaire avait eu un regain de vie, avait soulevé les foules, modifié la Constitution de 1982. Rien de cela ne s’est produit. Près des deux tiers des Québécois étaient insatisfaits du gouvernement Charest quand André Boisclair a été choisi et la même proportion entretenait un sentiment identique la veille du vote. Face à un des gouvernements les plus impopulaires de l’histoire du Québec, André Boisclair a laissé glissé puis s’évanouir 22 % d’appuis.

Voilà le jugement des Québécois sur l’homme, pas sur le PQ, car il n’y a pas eu de campagne du Parti québécois. On a fait une campagne Boisclair, à l’image de l’homme qui est nulle part, un peu à gauche, un peu au centre et pourquoi pas à droite si quelques votes s’annoncent. Pour comprendre la vacuité politique et intellectuelle de cet homme, il fallait écouter son discours, au soir des élections. Son parti atteignait un plancher historique et il n’a rien dit. Pas une phrase de réflexion, pas un seul aveu de questionnement, pas une mise en garde, juste quelques phrases creuses d’encouragement.

Cela est anecdotique et ponctuel mais décrit bien l’homme. Pour le Parti québécois, il y a pire et de cela, c’est le parti qui est responsable. Les péquistes ne sont plus les dépositaires exclusifs du sentiment national et de la protection de l’identité, c’est maintenant surtout l’ADQ.

Le PQ a toujours refusé de regarder la vérité en face. Ses dirigeants ont toujours su que seuls 30 % des Québécois étaient de véritables indépendantistes, mais ils ont fait comme si, et ont surfé sur l’idée du pays en négligeant l’idée des régions, des classes moyennes, des familles, des courants conservateurs profonds dans la société. L’idée du pays devait aplanir toutes les différences. Cette forme de pensée magique rattrape le parti aujourd’hui et il le paie cher. Presque tous les comtés qui ont élu un député adéquiste ont voté « Oui » au dernier référendum et le parti de Mario Dumont est devenu le premier parti chez les francophones. Voilà la pire défaite d’André Boisclair et du Parti québécois.

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