À peine arrivé au pouvoir, Poutine décide de ne plus reconnaître le gouvernement tchétchène. Les troupes russes pénètrent en Tchétchénie, rasent la capitale Grozny, chassent le président élu et le remplacent par un homme proche du Kremlin.
Démocratiquement élu, Aslan Maskhadov a toujours préféré une solution négociée à la guerre imposée à une population victime d’un génocide depuis 10 ans. Le président tchétchène, contraint par les Russes à vivre dans la clandestinité, a toujours condamné le terrorisme aveugle qui habite une partie des groupes radicaux tchétchènes. À son corps défendant, il s’est opposé à ceux qui parmi les siens avaient décrété la guerre sainte contre l’occupant russe ou fait allégeance, dans la foulée, aux internationalistes du Djihad, version Ben Laden ou Zarkaoui. Arslan Maskadov a condamné les prises d’otages de Moscou et de Beslan et accepté de négocier. C’est lui qui avait signé en 1996, les accords de Khasaviourt qui avaient mis fin temporairement au conflit armé et prévu une période transition de cinq ans.
Il y a à peine une semaine, ce chef modéré, décrétait dans un communiqué un cessez-le feu unilatéral. Maskhadov renouvelait par la même occasion son offre de négociation pour une sortie de crise honorable.
Cette offre, il l’avait déjà faite en direction du G8 qui avait réuni les grands de ce monde à Kananaskis au Canada en juin 2002. Vladimir Poutine y était présent en tant que membre à part entière et sa seule réponse a été : « ce sont des terroristes qu’il faudra poursuivra jusque dans les chiottes. »
L’assassinat de Maskhadov est un épisode qui s’ajoute à trois siècles de combats sanglants contre la domination russe dans les montagnes du Caucase.
Quels gains politiques ou militaires peut escompter le nouveau tsar de Russie, Vladimir Poutine qui trouve bien commode le soutien sans faille et le silence des capitales occidentales quant au sort qu’il a réservé aux tchétchènes ? Les événements du 11 septembre et les engagements antiterroristes des pays occidentaux qui en ont découlé sont une aubaine pour celui qui considère que tous les Tchétchènes sont des terroristes.
Les Américains considèrent la Russie de Poutine comme une base fiable dans leur guerre au terrorisme. L’Europe y voit un marché rentable. Le Conseil de sécurité de l’ONU se voile la face devant une tragédie sans nom qui a fait des centaines de milliers de victimes au motif que la Russie détient le droit de veto.
Par l’assassinat de Maskhadov le seul interlocuteur avec qui la paix était encore possible, Vladimir Poutine vient d’offrir sur un plateau d’argent le mouvement indépendantiste tchétchène à une nouvelle génération de combattants jusqu’au-boutistes ou, plus grave encore, à leur mentors wahabites radicaux et internationalistes de surcroît, qui promettent une guerre totale.