Trois jours après le début des opérations militaires internationales dans le ciel libyen autorisées par la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, aucune réaction officielle n’avait été enregistrée lundi à Tunis.
Les efforts des autorités tunisiennes restent essentiellement concentrés sur la gestion de la transition démocratique que vit le pays depuis la chute du régime du président Zine El Abidine Ben Ali et ses impacts politique, économique et social.
Seule référence officielle aux événements qui se déroulent en Libye, un communiqué diffusé samedi dernier par le ministère tunisien des Affaires étrangères à l’occasion de la visite effectuée par la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton qui précisait que « la question de l’intervention militaire en Libye » n’avait pas été abordée.
Cependant, plusieurs journaux et des partis d’opposition, dont le parti progressiste démocratique (PDP), ont critiqué cette intervention. Déplorant les « dizaines de victimes » qui ont été « causées par les raids parmi les civils et les militaires libyens« , le PDP dénonce ce qu’il qualifie d’ »action agressive étrangère qui ne saurait en aucun cas être justifiée« .
Le parti Baath, une formation qui vient d’être légalisée, condamne quant à lui, une « conspiration ignoble qui se trame à l’encontre d’une partie du peuple arabe » .
Le journal « Achourouk » (privé) considère la résolution 1973 comme « une menace pour la région » qui « risque de la transformer en un foyer de tension et une base avancée des forces impérialistes« . Tout comme dans le quotidien « Assabah » (privé), cette intervention militaire est attribuée aux « appétits occidentaux pour le pétrole libyen » .
Pendant ce temps, les autorités tunisiennes se préparent de concert avec les organisations humanitaires nationales et internationales dont le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale de la migration (OIM) à faire face à un flux prévisible à leurs frontières de réfugiés provenant de Libye et notamment de blessés.
L’agence tunisienne TAP fait état d’un dispositif sanitaire mis en place au poste frontalier de Ras Jédir fort d’une équipe médicale de 50 médecins dont quatre psychologues, pouvant assurer 1.000 consultations par jour. Depuis le déclenchement de la crise libyenne, plus de 140.000 réfugiés ont franchi la frontière tunisienne.
Outre l’impact politique, humanitaire et sécuritaire, la dégradation de la situation en Libye a eu de graves conséquences économiques sur la Tunisie, notamment les régions du sud tunisien qui entretenaient des relations commerciales étroites avec le pays voisin.
De fait, la Libye est le premier partenaire économique arabe et africain de la Tunisie avec des échanges qui tournent de 1,5 milliard de dinar par an (environ 700 millions d’euros). De surcroît, près de deux millions de Libyens se rendaient annuellement en Tunisie pour des séjours touristiques ou médicaux. La région de Ben Guerdane où se trouve le poste frontalier de Ras Jédir ne vivait pratiquement que du commerce avec la Libye.
Source : http://www.tunisiawatch.com