Standard Operating Procedure
Réalisé par Errol Morris, dès le 6 juin. Ex-Centris et AMC Forum.
Ce documentaire, qui a gagné le grand prix du jury au Festival international du film de Berlin, parle des photos qui ont grandement contribué à retourner les Américains contre la présence de leurs soldats en Irak. Ces images sont celles de prisonniers irakiens détenus à l’infâme prison d’Abou Ghraib. On les voit nus, attachés à des lits, à quatre pattes ou en pyramide.
Le documentaire Standard Operating Procedure tente de voir ce qui n’est pas montré dans le cadre des photos : le contexte dans lequel elles ont été prises et comment les choses fonctionnaient dans cette prison lorsque les Américains en ont pris le contrôle en 2003. Sans narration, le documentaire repose surtout sur des entrevues avec cinq des sept personnes accusées dans cette affaire, dont Lyndie England, la jeune femme photographiée avec un prisonnier en laisse et qui a été condamnée à trois ans de prison.
Errol Morris a aussi discuté avec des responsables de la prison et d’autres soldats qui ont travaillé à Abou Ghraib, ainsi qu’avec des Américains embauchés pour interroger des détenus. On y apprend qu’enchaîner un homme nu debout pendant des heures en position inconfortable, en priver un autre de sommeil pendant trois jours ou faire croire à une électrocution ne contrevient pas aux normes. Ce sont des standard operating procedures, des méthodes acceptables. Par contre, prendre une photo de ces mêmes détenus dans une position dégradante constitue un crime !
Évidemment, le pire n’a jamais été montré : les détenus battus et torturés. Une exception : les photos d’un homme mort à la suite d’un interrogatoire. Son cadavre est vraiment mal en point. Malgré ces accrocs aux procédures, personne n’a été condamné dans cette affaire, contrairement à ceux qui prennent des clichés trop osés.