Le CEDETIM est partie prenante d’une action qui se déroule depuis un an dans le cadre d’un comité créé en mai 2001 sous le nom de SICO : Solidaires des Israéliens contre l’occupation.
Ce comité est lié à la renaissance d’un mouvement pour la paix en Israël, sur les décombres, pourrait-on dire, du mouvement de la paix qui s’est effondré après l’échec du processus d’Oslo. La solidarité internationale exige le soutien à de tels mouvements pour la liberté et l’indépendance au sein des pays colonisateurs, et qui sont en butte à l’opinion publique et à la répression.
Il est significatif, à cet égard, que l’initiative à l’origine de la création de ce comité ait réuni, en mai 2001, un objecteur de conscience israélien et un ancien déserteur de l’armée française en Algérie, pour un débat autour de la projection du film On tire, on pleure réalisé par le cinéaste israélien David Benchetrit. Devant l’affluence et l’attente manifeste des participants, il était évident qu’il ne fallait pas en rester là. Le SICO a donc été créé en juin 2001.
Convaincus que la politique de Sharon conduit à la négation des droits légitimes du peuple palestinien, mais aussi à l’absence de sécurité pour les Israéliens et à la restriction de leurs propres libertés, les membres du SICO ont décidé de faire connaître et de soutenir l’action des Israéliens qui « refusent cette politique coloniale contre le peuple palestinien, exigent le gel des colonies puis leur démantèlement, militent pour le retrait d’Israël des territoires occupés et pour le droit des Palestiniens à un État souverain, revendiquent le droit aux conscrits israéliens de ne pas servir dans les territoires occupés... » (extraits de la plate-forme du SICO)
Le comité, qui a le soutien du CEDETIM, de Union juive française pour la paix (UJFP) et de l’Organisation communiste libertaire (OCL), est indépendant dans ses orientations et ses choix. Le SICO a organisé, en novembre 2001, un meeting auquel participait également Leïla Shahid, déléguée générale de la Palestine en France, avec cinq représentants du camp de la paix en Israël : la Coalition des femmes pour une paix juste, les Médecins pour la paix, Gush-Shalom (le bloc de la paix créé par Uri Avneri), Yesh Gvul (« il y a une limite », organisation d’objecteurs) et la Histadrout (le syndicat représenté par un syndicaliste arabe israélien). Tout dernièrement, en mai 2002, le SICO a pris une autre initiative : celle d’organiser une tournée en France de deux officiers israéliens signataires du manifeste Le Courage de refuser qui refusent de servir dans les territoires palestiniens occupés.
Ces meetings ont eu un impact important dans plusieurs milieux et cercles politiques en France. Non seulement, chaque fois, une grande partie de l’assistance découvrait l’existence de cette résistance à la pensée dominante en Israël et se montrait extrêmement intéressée par les récits de ces Israéliens. Mais la présence et la parole d’opposants israéliens ont eu deux autres effets notables : elles ont contribué à l’ébranlement des certitudes parmi des Juifs de France, et elles ont apporté aux militants strictement propalestiniens en France, une conception plus large du soutien à la création d’un État palestinien viable et souverain.
La venue des refuzniks a constitué un élément très important. En effet, pour eux, il n’y a pas de contradiction entre la fidélité à son histoire, à sa famille, à son pays et les valeurs universelles qui imposent la fin de l’occupation. Sans sous-estimer le sentiment d’une menace existentielle ni la peur du néant qui habitent Israël et souvent les communautés juives, ce mouvement affirme qu’un élément constitutif de cette menace est l’impossibilité pour les Palestiniens d’accéder à une vie digne et libre.
C’est dans cette ligne que le SICO entend agir, aux côtés de ceux qui, en Israël, ont le courage de s’opposer, en actes, aux menées coloniales de leur gouvernement.
Sonia Fayman et Monique Crinon, pour le CEDETIM, sico99@aol.com_