Après 35 ans d’occupation militaire et de répression, les Palestiniens ne voient pas l’ombre d’une solution qui se dessinerait à l’horizon. Au contraire : à la tête du gouvernement israélien se trouve un homme qui ne cache pas son objectif de « parachever la guerre d’indépendance ». Pour mener à bien cet objectif, il s’agit de casser la résistance des Palestiniens qui refusent d’être, une fois de plus, les laissés-pour-compte de la politique coloniale sioniste.
Depuis bientôt quatre ans, l’armée israélienne n’a reculé devant rien : assassinats ciblés, bombardements de villes, destructions massives de maisons et surtout, bouclage implacable des Territoires occupés. Une pratique qui, à bien des niveaux, a ramené la société palestinienne 50 ans en arrière, enfermant les populations dans des espaces de plus en plus réduits.
Le démantèlement partiel de l’Autorité palestinienne, l’isolement international qu’essaient d’imposer Israël et les États-Unis, la couardise des États arabes et de l’Europe, font en sorte qu’une reprise des négociations réelles entre Israël et la direction nationale palestinienne n’est pas à l’ordre du jour.
Mais, malgré le rapport de forces écrasant en leur faveur, les Israéliens paient également un prix de plus en plus élevé pour cette politique de pacification et de colonisation. Non seulement à travers les attentats sanglants qui secouent régulièrement les villes d’Israël, mais aussi par une crise économique sans précédent, qui provoque, pour la première fois depuis le début des années 50, une véritable misère dans des secteurs de plus en plus larges de la société israélienne.
L’option du pire
Pendant ce temps, Israéliens et Palestiniens fuient vers des solutions virtuelles, craignant, comme l’écrivait il y a deux ans avec une grande clairvoyance l’intellectuel israélien Meron Benvenisti, que « l’option du pire est loin d’être la moins probable ». L’accord de Genève en est un exemple. Ce plan de paix, concocté par des Palestiniens aux titres semi-officiels et des ex-politiciens israéliens, fait rêver des pacifistes israéliens qui avaient cessé de croire la paix possible. Après avoir cautionné la mise à sac des Territoires occupés, ces derniers croient que ce document va mettre fin à la résistance des Palestiniens. Mais ce plan - qui a, par ailleurs, plusieurs aspects positifs - est totalement virtuel : les Palestiniens et les Israéliens s’y opposent en grande majorité.
L’annonce d’Ariel Sharon du retrait de la bande de Gaza est toute aussi virtuelle : tous les commentateurs israéliens savent que Sharon n’a nullement l’intention de le mettre en œuvre. Mais ce « plan Sharon » permet à l’opinion publique israélienne de rêver que le terrorisme pourra être mis en échec par une telle initiative politique, la solution militaire ayant fait long feu.
La feuille de route pour la paix, mise de l’avant par le quartette (États-Unis, Russie, Nations unies, Union européenne), a en fait été rejetée par les Israéliens. Même si les pressions internationales s’accentuent, avec le début des auditions sur le mur de sécurité à la Cour internationale de justice de La Haye, la construction de la clôture s’accélère.
Ces divers « plans » et initiatives permettent d’espérer le meilleur, afin de supporter le pire. Ces efforts ne seraient pas si négatifs s’ils ne rendaient pas encore plus difficile toute tentative de réfléchir à des stratégies de lutte réelles, répondant à la situation. Une réalité à laquelle sont confrontés à la fois le mouvement palestinien de résistance et le mouvement pacifiste israélien, l’un et l’autre occupés à « répondre » aux divers plans et à se bagarrer sur l’opportunité d’un soutien à ce qui se dessine toujours comme un moindre mal.
Michel Warshawski