Quelques semaines plus tard, la paix semble revenue. Les soldats israéliens occupent Beyrouth, les combattants palestiniens sont morts ou en exil. Mais les tensions restent vives. À la tombée du jour, le 16 septembre 1981, un commando des Forces libanaises, une milice libanaise alliée aux Israéliens, pénètre dans les deux principaux camps de Beyrouth, Sabra et Chatila. La noirceur envahit les ruelles sordides et les décombres des maisons à moitié détruites. Les blindés israéliens qui entourent les camps tirent des fusées éclairantes. Tout le monde sait qu’un grand massacre se prépare. Les milices libanaises, dont le leader Bashir Gemayel a été assassiné deux jours plus tôt, veulent en découdre.
Très rapidement, les miliciens pénètrent dans les maisons. Les civils, en majorité des femmes, des enfants, des vieillards, sont sans défense et sans arme. La tuerie se fait surtout au couteau et à la hache. Des femmes enceintes sont éventrées, de jeunes enfants se font briser le crâne sur les murs. Les corps empilés sont enlevés par des bulldozers et jetés dans des fosses hâtivement creusées. Des centaines de personnes tentent de sortir des camps, mais restent bloquées par l’armée israélienne qui encercle tout le quartier. Et le massacre continue ainsi jusqu’aux petites heures du 18 septembre. On ne saura jamais le nombre total des victimes : 800 selon la Commission israélienne d’enquête, 2 000 selon le Croissant rouge palestinien. Les autorités libanaises enregistreront quant à elles 1 200 certificats de décès.
Aujourd’hui, la vie quotidienne à Sabra et Chatila continue, avec plus de 100 000 personnes vivant dans des conditions sous-humaines. Une grande partie de l’infrastructure des camps n’a jamais été réhabilitée et les égouts à ciel ouvert, les décombres et les déchets qui s’accumulent partout ont transformé les camps en sordides bidonvilles.