
Président de l’association SOS Racisme depuis 2003, Dominique Sopo veut ramener les pendules à l’heure : énoncer ce qu’est l’antiracisme, mais surtout dénoncer ce qu’il n’est pas. « Combat qui s’efforce de voir les individus d’origines différentes reconnus à égale dignité », l’antiracisme est perverti dans les débats français.
La première partie du livre débusque les pièges qui amènent à confondre l’antiracisme avec d’autres formes d’activisme. Pour l’auteur, une rhétorique « exotico-victimaire » permet de préserver les bonnes consciences en reléguant l’Autre à sa différence. Cette attitude perpétue la violence coloniale, mais cette fois au nom du relativisme culturel. Paradoxalement, la citoyenneté française n’est jamais pleinement reconnue à celui qui est porteur de façons d’agir et de penser qui sont différentes. Ainsi les minorités sont maintenues (et parfois se maintiennent) dans une posture de victime, éternelles exclues.
Sopo traque ensuite ce discours « exotique » dans un fourre-tout d’événements de la scène politique française des dernières années lors desquels a été brandie, à tort dit-il, la bannière de l’antiracisme. Il s’insurge contre ces simulacres d’antiracisme qui alimentent la haine plutôt que la fraternité. Les communautaristes, les islamistes, les « indigénistes » ont détourné la mission antiraciste de ses véritables visées, argumente l’auteur.
Même si la France républicaine ne parvient pas, au-delà de l’énonciation, à offrir une citoyenneté effective pour tous, la démocratie et l’égalité sont pour Sopo des principes auxquels on ne doit consentir aucun compromis. Cette critique, si elle est inévitablement ancrée dans le débat français, mériterait d’être reçue avec attention au Québec où l’antiracisme fait rarement la manchette, et où il apparaît souvent assimilé à des questions de citoyenneté.