En 1988, Svend Robinson a été le premier député canadien à déclarer ouvertement qu’il était gay, et au début des années 90, il a remis en question la loi canadienne sur le suicide assisté. L’an dernier, après le Sommet des Amériques à Québec, il a critiqué Jean Chrétien sur les mesures fortes utilisées contre les manifestants.
Mais cette fibre militante n’est pas toujours partagée au sein du NPD. Plus tôt cette année, il a été démis de ces fonctions de critique du parti sur le dossier des Affaires internationales lorsqu’il a sévèrement condamné le gouvernement israélien, en affirmant : « Nous ne pouvons fermer les yeux le terrorisme déployé par le gouvernement israélien, en invoquant les commandos suicides. »
Autrefois, troisième plus important parti au Canada, le NPD a perdu son statut officiel lors des élections de 1993, ne réussissant pas à obtenir les 12 sièges minimums. Aujourd’hui, le NPD semble être à un point tournant de son histoire. L’actuelle campagne au leadership du parti, en vue de remplacer Alexa McDonough qui en a été à la tête ces sept dernières années, pourrait peut-être offrir les moyens de sauver de l’extinction ce parti, après 40 ans d’existence.
Entrevue
Selon vous, comment le NPD peut-il maintenant tirer avantage de la situation ?
La tendance au vote polarisé que nous avons connu au Canada, et particulièrement au Québec, commence à changer quelque peu. Les gens sont à la recherche d’alternatives. Ceux qui au pays ont voté pour le Parti Libéral lors des dernières élections commencent à prendre leur distance.
Plus que jamais, nous devons apparaître comme une alternative crédible. Au cours des 10 dernières années au Québec, les électeurs ont voté au provincial, au fédéral et parfois même au municipal sur la base de la question souverainiste : Bloc versus Parti Libéral, Parti Québécois versus Parti Libéral, etc. Ce qui ne laissait pas beaucoup d’espace pour le NPD, qui prône plutôt un fédéralisme asymétrique. La popularité grandissante de l’ADQ démontre que la population est à la recherche d’un compromis sur cette question, et c’est justement là que le NPD peut jouer un rôle. Surtout que je suis convaincu que les Québécois ne soutiennent pas le programme de droite de l’ADQ. Leur volonté de changement placera le NPD dans une bonne position pour rebâtir la crédibilité de son discours.
En novembre 2001, la Nouvelle Initiative politique (New Politics Initiative - NPI) a été créée afin de permettre au parti de reprendre contact avec sa base militante de gauche. Est-ce à dire que nous pouvons nous attendre à ce que la NPI remplace éventuellement le NPD ?
La Nouvelle Initiative politique a été créée afin de rendre le NPD plus ouvert et plus inclusif, question de s’assurer que le mouvement social et les militants se sentent inclus, chez eux, au sein du parti. Même si le mouvement en faveur de la création d’un nouveau parti a été battu lors de la convention du NPD en novembre dernier, les militants de la NPI continuent de travailler tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du parti, afin de s’assurer que celui-ci n’ignore pas sa base traditionnelle.
L’objectif de la NPI demeure celui de construire un large parti progressiste incluant le NPD, mais pas exclusivement. Naturellement, pour l’instant, la plupart des militants de la NPI sont engagés dans la campagne au leadership du NPD fédéral. Quelle allure la NPI prendra au cours des prochains mois et des prochaines années ? Cela reste à voir, mais plusieurs des discussions à ce sujet seront à l’ordre du jour lors de la réunion spéciale de la NPI à Ottawa, pendant le week-end des 18, 19 et 20 octobre. Des délégués de partout au Canada seront présents pour prendre ces importantes décisions.