Quelque chose de pourri au royaume d’Angleterre est paru en 1970 dans sa version originale anglaise (A State of Denmark). Mais il aura fallu attendre 2003 pour la traduction en langue française. Qualifié à l’époque par la presse anglaise de digne successeur de 1984 d’Orson Wells, Quelque chose de pourri au royaume d’Angleterre a effectivement ce côté troublant d’un récit aux allures de science-fiction, qui semble pourtant décrire le réel, la vie de tous les jours, notre inconscience et insouciance. Et soudain tout bascule, la démocratie n’existe plus, au nom prétendument d’idéologies de gauche, du socialisme, l’Angleterre n’est plus qu’une dictature. Tout périclite. Tout le monde a peur, tout le monde se surveille, tout le monde se tait et tout le monde laisse faire.
Le journaliste Watt, qui a couvert tant de conflits, a pourtant vu les choses venir au cours de la campagne électorale. Avec sa compagne, il part pour l’Italie. Ils y vivront de calmes années à trimer dur la vigne, mais la peur et l’angoisse sont toujours en filigrane. Et voilà que soudain, Jobling, ce premier ministre anglais devenu dictateur, poursuit tous les ressortissants anglais établis à l’extérieur du royaume...
Et si c’était possible ? Et si aucun pays, tout occidental soit-il, n’était jamais à l’abri d’un renversement total de la démocratie, si imparfaite soit-elle ? Par les temps troubles que nous vivons, lorsque l’on observe nos voisins américains, on est certainement en droit de se questionner. Quand tous les grands médias de ce pays décident de faire montre d’un patriotisme de bas étage, drapeau à la boutonnière, s’autocensurant eux-mêmes, heureux des exploits de leur armée conquérante sur un pays déjà complètement détruit... Quand la fin justifie les moyens et que plus personne ne semble se poser de questions...
Quelque chose de pourri au royaume d’Angleterre n’est pas un aussi grand livre que 1984 d’Orson Wells, mais c’est un livre intelligent et percutant, qu’on lit jusqu’à la fin, parce que ça nous fait réfléchir.