Livre

Québec, ville dépressionniste

jeudi 25 septembre 2008, par Gilles MCMILLAN

Québec, ville dépressionniste

Le collectif La Conspiration dépressioniste, Montréal, Moult éditions, 2008, 191 pages.

En plein 400e de la ville de Québec, voici un pavé dans la vitrine du Grand Spectacle. Une dizaine d’articles montrent comment les administrations municipales successives, avec la complicité de spéculateurs et commerçants voraces, ont réussi à faire de Québec « l’épicentre indéniable des valeurs les plus régressives de la société québécoise  ». Ville «  dépressionniste  » : dépression nourrie par une doctrine morbide du développement, dirigée contre la vie organique de quartier, lui substituant un décor de carton-pâte, sécurisé par un esprit policier intervenant à la moindre expression de spontanéité : « Ce sont les manifestations urbaines et idéologiques du dédain [des] hommes-bétons pour la vie et tout ce qui compte que nous voulons raconter en ces quelques pages. »

Plus qu’un pamphlet, le livre dénonce les ravages de l’idéologie dite du progrès sur un phénomène social complexe, la ville et ses habitants : de quoi peut mourir une ville, mais comment des îlots de vie subsistent.

Parole pamphlétaire bien ciselée certes, celle-ci présente également des analyses documentées et perspicaces, des témoignages sensibles sur ce qui caractérise Québec et son histoire plus ou moins récente : déménagement de l’Université Laval dans les années 1950 du quartier latin à Sainte-Foy ; construction d’un campus aseptisé et inhumain ; destruction de quartiers populaires, construction d’autoroutes, de boulevards et de centres commerciaux hideux ; muséification du Vieux-Québec destinée à une industrie touristique préférant la mise en scène de l’histoire à l’histoire elle-même, le simulacre à la vie.

Après la lecture de l’ouvrage, on se dit que la dépossession caractérise l’histoire des habitants de Québec. Ceci pourrait-il expliquer, du moins partiellement, que Québec soit devenue ville «  dépressionniste  » ? Et cette réalité, les auteurs le reconnaissent, est celle de la majorité des grandes villes d’aujourd’hui, à des degrés divers cependant.

Et Montréal ? Avec le quartier des spectacles construit en renforcement de l’industrie du divertissement, le collectif a du pain sur la planche.

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