Les Journées alternatives proposent cette année un retour sur les luttes contre la Zone de libre-échange des Amériques - Québec 2001. Le Panel sera animée par Marcela Escribano qui coordonnait à l’époque le Sommet des Peuples de Amériques.
Il y a dix ans déjà, la ville de Québec était secouée par une vague de mobilisation rassemblant plus de 60 000 citoyens venus de tous les coins du continent pour contrer le projet de zone de libre-échange entre les Amériques. Québec 2001 s’est inscrit comme une victoire historique majeure pour les mouvements altermondialistes du Québec, confirmant ainsi aux citoyens la force de leur pouvoir politique.
Avec le retour en force des Conservateurs au pouvoir, une menace importante pèse sur nos institutions démocratiques, sur la défense des droits et libertés à l’extérieur du pays et sur la libre circulation des idées et de l’information. Pour cette raison, « il est bon temps de se souvenir », nous dit Marcela Escribano, chargée de projet pour l’Amérique latine et les Caraïbes chez Alternatives. « Il faut se souvenir de notre histoire. Au Québec, on tend à oublier certains évènements, je ne sais pas exactement pourquoi… ».
À compter du 19 août prochain, dans le cadre d’un panel intitulé « … » présenté aux Journées Alternatives, elle nous propose d’ailleurs de retracer cette histoire de solidarité populaire pan continentale. À défaut de tomber dans les oubliettes, les évènements passés devraient servir de repère collectif pour comprendre l’évolution des mouvements altermondialistes du continent et rendre leurs interventions plus efficaces.
Il fallut six ans de lutte féroce pour le droit à l’information et à la transparence politique afin de pouvoir sensibiliser les masses à la menace socio-économique que représentait la ZLEA. C’est en 1995, à l’annonce d’un accord secret pour libérer les marchés entre les dirigeants de 33 pays du continent, à l’exception de Cuba, que l’Alliance sociale continentale a vu le jour. Une zone de libre-échange étendue à la grandeur des Amériques pourrait finalement consolider la domination du Nord sur le Sud au profit de la souveraineté nationale. C’est dans ce contexte qu’on été organisées des campagnes d’accès à l’information pour tenter de mobiliser les populations d’un bout à l’autre du continent. En 2005, les soulèvements d’Amérique latine, soutenus par les nouveaux gouvernements progressistes au pouvoir — notamment celui de Lula au Brésil, puis celui Chávez en 2001 encouragé par la pression du Nord — mirent définitivement fin à au projet de la ZLEA.
Cette association coopérative entre les divers organismes sociaux d’Amérique résultait de la conjoncture politique qui mettait tous les pays devant un même problème socio-économique. Avec l’abandon de la ZLEA, ce réseau d’échange s’est affaibli par un recul des interventions extranationales de la part des ONG qui décidèrent de focaliser leurs efforts sur des problématiques locales. Pourtant, aujourd’hui, les échanges économiques n’ont jamais été aussi globalisés et l’impact d’une politique nationale a de plus en plus de répercussions sur les démocraties d’ailleurs. C’est le cas des entreprises minières canadiennes, par exemple, qui s’installent en Amérique latine et qui occasionnent la délocalisation des populations, tout en proposant du travail dans des conditions que nous refuserions ici. Nous avons vite fait d’oublier que ce sont des enjeux qui nous concernent également, et qu’une lutte synchronisée entre les employés canadiens et les Sud-Américains pourrait engendrer une force d’action plus puissante.
Nous vivons sur un continent différent d’il y a dix ans, mais de nombreux combats nécessitent encore la solidarité des nations américaines. Comme nous le rappelle Marcela Escribano : « Il n’y a pas de modèle. On ne peut pas reproduire les luttes du passé car le contexte change à chaque fois. On peut toutefois s’en inspirer ! ». Du 19 au 21 août 2001, les Journées Alternatives nous proposent une réflexion qui tentera d’empreindre la mémoire collective d’évènements marquants dont le souvenir nous permettra de construire le futur ensemble.
Image : Simon Roy / Flickr.com