L’apartheid social
Mais à côté de cette démocratie politique, une société profondément divisée s’est perpétuée. 80% population de la population vénézuélienne vit sous le seuil de la pauvreté. Elle vit en face d’une élite très privilégiée, traditionnellement liée au secteur pétrolier dominé par une entreprise d’État, la PDVSA, et qui contrôle la production pétrolière. La PDVSA a été longtemps une sorte d’état dans l’état, avec des salaires énormes pour ses dirigeants et cadres (30 fois plus que le salaire du Président de la république) et un budget gigantesque (150 fois plus grand que celui de l’État), administré sur une base autonome et sans contrôle de l’État. Les bénéfices de la vente du pétrole étaient répartis au sein d’une petite élite et une grande partie de ses profits était investie en dehors du pays.
La crise croissante
Les disparités sociales se sont aggravées tout au long des années 80. La politique de substitution des importations et certaines réformes au niveau agraire et des revenus ont échoué Les dépenses sociales ont été réduites notamment dans l’éducation et la santé. En 1988, un social-démocrate, Carlos Andres Pérez, était élu pour rescaper le système ouvertement en crise. Mais Pérez entreprit ces réformes dans la lignée du néolibéralisme. Le chômage, la pauvreté, la marginalité et la violence urbaine connurent une augmentation phénoménale, notamment à Caracas. Sous l’égide des programmes d’ajustement structurel promus par la Banque mondiale et le FMI furent imposés la privatisation d’une partie du secteur public et la réduction des subsides et des programmes sociaux. En 1989, de violentes manifestations éclatèrent dans le pas. Plus de 1000 personnes furent tuées par la police. Le système politique dans son entièreté fut discrédité.
La colère populaire fut le résultat d’une longue accumulation de confrontations et de politiques qui favorisèrent les élites. Pendant que les services de santé de base ne sont pas disponibles, on compte à Caracas le plus grand nombre de cliniques de chirurgie esthétique. En plus d’être pauvres, les couches populaires sont ostracisées, refoulés dans des Barrios insalubres dans les montagnes autour de la ville, confinées dans la marginalité, l’analphabétisme, la maladie, dans un processus de décomposition sociale accéléré.
L’émergence de Chavez
En février 1992, un colonel inconnu, Hugo Chavez Frias, tentait un coup d’état avec un petit groupe de militaires et de civils, demandant la fin de la corruption et des politiques néolibérales. Caractérisés de populistes par les médias, les organisateurs du coup échouèrent et furent emprisonnés. Ce fut le débat de l’ascension de Chavez et de ce qui devint le Mouvement pour la cinquième république. Libéré quelques années plus tard, Chavez par la suite a été élu à la Présidence avec de confortables majorités. En 1999 à la suite d’un référendum approuvé par le peuple, une nouvelle constitution était mise en place pour démocratiser les structures du pays. Malgré une tentative de coup d’état contre le Président en 1992, les orientations de Chavez ont été confirmées, notamment lors des élections de 2004 (22 des 24 états (ou provinces) ont été gagnées par le parti du président), et plus récemment lors des élections municipales d’août 2005. Les transformations ont également gagné l’appareil militaire, avec de profondes réformes de la structure et des pratiques de l’armée.
Tout cela a de gros impacts sur la situation régionale. Certes, le projet bolivarien s’inscrit dans le contexte où de nouvelles expressions politiques et sociales émergent en Amérique latine. L’influence et l’appui apporté par le Président Chavez à ces nouvelles forces facilitent le développement de la résistance contre l’Empire américain tant au niveau politique qu’au niveau économique.