Objectifs et moyens de la stratégie militaire d’Obama

lundi 18 mars 2013, par Albert A. Stahel

Comme l’on peut constater, ces derniers temps, dans diverses publications des revues spécialisées, l’administration Obama veut tenir, malgré la situation économique peu satisfaisante, dans le pays, à la position d’hégémonie des Etats-Unis, à l’avenir. Un des résultats en est la confrontation croissante avec la Chine, dans le Pacifique occidental. Contrairement à la stratégie militaire de la précédente administration Bush, qui était, intellectuellement, plutôt simple, et qui est, aujourd’hui, désigné, comme presque archaïque, Obama mise sur la haute technologie, pour poursuivre l’hégémonie géostratégique des Etats-Unis, dans le monde. Il s’agit de la cyber-guerre, à l’aide des virus informatiques et des vers informatiques contre des installations sensibles d’un adversaire, tel que les réseaux informatiques et d’électricité. Souvenons-nous du virus Stuxnet, avec lequel le programme d’armement nucléaire de l’Iran, a été sapé, en 2010. Les informaticiens comparent Stuxnet, en analogue à la guerre aérienne étant une arme de précision dans la cyber-guerre.

Parmi les moyens de la haute technologie de l’administration Obama comptent également les drones de combat UCAV (Unmanned Combat Aerial Vehicles). Limité uniquement par quelques règles politiques, les dirigeants indésirables ou des membres clés d’Al-Qaïda sont liquidés par des bombes guidées du type Hellfire d’UCAV qui sont dirigées par des officiers stationnés dans le Nevada. Qu’il y ait des dommages collatéraux, c’est-à-dire des meurtres de civils innocents, les mandataires d’une mission UCAV à Washington DC et leurs opérateurs dans le Nevada l’acceptent.

Le troisième instrument important de l’arsenal stratégique d’Obama et de son administration sont les unités d’élite hautement qualifiées de Special Operations Forces (SOF), comme Seal Team Six et Delta. Avec ces forces spéciales, les adversaires de haut rang sont liquidés directement. Un exemple en était la liquidation d’Oussama Ben Laden dans son repaire pakistanais Abbottabad en 2011. La recherche des informations nécessaires, requises par le Waterboarding (simulation de noyade) auprès des partisans d’Al-Qaïda capturés, revient à la CIA qui a pris de plus en plus en main le rôle du responsable dans la guerre contre Al-Qaïda et qui a ainsi évincé partiellement les forces armées de cette fonction. L’élimination ciblée des dirigeants adversaires montre également une certaine analogie avec les actions des cadres de la guérilla en Europe au milieu des années 80 du XXe siècle. En particulier, les terroristes de la RAF voulaient affaiblir l’Etat et la société de la République fédérale d’Allemagne en tuant les hauts dirigeants de l’Etat et de l’économie pour enfin détruire l’ensemble de la société. L’administration Obama veut parvenir, analogue aux terroristes européens du siècle dernier, à l’effondrement de son adversaire par l’élimination de la direction d’Al-Qaïda.

Pourtant, les axiomes qui déterminent cette stratégie sont intéressants. Pendant que l’administration Obama utilise les moyens high-tech déjà décrits secrètement, elle laisse à ses alliés l’emploi des moyens conventionnels, tels que le bombardement des adversaires de l’air ou/ et le soutien des soi-disant rebelles contre les dictateurs désagréables. On peut citer les exemples comme l’intervention en Libye et au Mali par les alliés européens ou le commandement de la soi-disant Free Syrian Army par la Turquie et l’Arabie saoudite. Une tendance semblable se montre également dans le conflit entre le Japon et la Chine concernant les îles inhabitées dans le Pacifique occidental. Les Etats-Unis se limitent dans tous ces conflits et affrontements sur la logistique. Cette stratégie et vision des choses ont de nombreux points communs avec la stratégie Nixon et Kissinger après la fin de la guerre de Vietnam. A cette époque, Nixon et Kissinger voulaient, comme Obama aujourd’hui, seulement concevoir les objectifs et soutenir la guerre de leurs Alliés par la logistique des Etats-Unis. Même aujourd’hui, les Alliés doivent faire le sale boulot militaire pour les Etats-Unis. Cette façon de penser peut être caractérisée par un « bon mot » français utilisé, pendant les deux guerres mondiales, avec lequel les Français ont reproché aux Britanniques qu’ils auraient, dans les guerres, sauvé la vie de leurs soldats britanniques, au détriment des Français, avec la devise suivante : « Se battre jusqu’aux derniers soldats français ! » Les Alliés devraient purger et non plus les Américains, car du point de vue des politiciens, à Washington DC, ils ont déjà fait assez de sacrifices, dans les guerres des 20 dernières années. Mais, on tait le fait que presque toutes les guerres ont été provoquées et menées par les Etats-Unis.


Albert A. Stahel est de Il’nstitut d’Etudes stratégiques, Wädenswil

Vous avez aimé cet article?

  • Le Journal des Alternatives vit grâce au soutien de ses lectrices et lecteurs.

    Je donne

Cet article est classé dans :

Partagez cet article sur :

  •    
Articles de la même rubrique

L’empire contre-attaque

Tout comprendre à la nouvelle offensive contre le Venezuela

Articles sur le même sujet

Guerre

Afghanistan : si nous avions écouté les femmes

Je m’abonne

Recevez le bulletin mensuel gratuitement par courriel !

Je soutiens

Votre soutien permet à Alternatives de réaliser des projets en appui aux mouvements sociaux à travers le monde et à construire de véritables démocraties participatives. L’autonomie financière et politique d’Alternatives repose sur la générosité de gens comme vous.

Je contribue

Vous pouvez :

  • Soumettre des articles ;
  • Venir à nos réunions mensuelles, où nous faisons la révision de la dernière édition et planifions la prochaine édition ;
  • Travailler comme rédacteur, correcteur, traducteur, bénévole.

514 982-6606
jda@alternatives.ca