Documentaire

Mirages d’un Eldorado

jeudi 25 septembre 2008, par Catherine BINETTE

Mirages d’un Eldorado
Réalisé par Martin Frigon. Du 3 au 9 octobre au Cinéma du Parc à Montréal.

Vallée de Huasco, nord du Chili. À 4 000 mètres d’altitude au cœur des Andes, au pays des glaciers, on serait en droit d’imaginer un eldorado, là où règne l’équilibre d’un écosystème fragile. Mais en suivant la caméra du cinéaste Martin Frigon, c’est plutôt à un spectacle horrifiant auquel nous assistons : une vallée éventrée à coup de grues et de camions d’une compagnie minière canadienne.
Sur fond de paysages époustouflants, l’équipe de Frigon nous amène à dos de mules rencontrer les habitants de la vallée, qui se mobilisent et s’opposent au projet Pascua Lama, de Barrick Gold. Le documentaire dresse un portrait complet en donnant la parole au syndicat des mineurs, aux patrons de Barrick Gold et aux gouvernements canadiens et chiliens.

Le film nous plonge au cœur d’un jeu de cache-cache entre les différents acteurs complices du projet d’exploitation minière. L‘hypocrisie du gouvernement canadien et la déresponsabilisation de la multinationale face aux impacts environnementaux y sont d’ailleurs fortement dénoncées. Les gouvernements tentent de légitimer l’exploitation de la vallée avec des études d’impacts environnementaux, produites par des groupes qu’ils ont eux-mêmes soudoyés. Le cinéaste a même tenté de mettre la main sur une copie d’une étude, mais en vain...

Martin Frigon dépeint avec sensibilité la volonté des opposants au projet de poursuivre leur mobilisation contre la destruction de leur environnement, et ce, bien souvent au risque de se faire emprisonner. C’est sans surprise qu’on constate que les forces de l’ordre chiliennes sont garantes des intérêts de Barrick Gold. Mais le cinéaste aurait certainement percuté davantage son auditoire avec plus de documentation sur les impacts néfastes de l’exploitation minière dans la région. On parle beaucoup de la fonte des glaciers, mais pas assez des conséquences de celle-ci sur l’écosystème et sur la vie des habitants.

À propos de Catherine BINETTE

Amérique latine et Caraïbes

Catherine Binette a fait des études universitaires en gestion et en développement international à l’Université McGill. Il n’a fallu qu’une expérience de solidarité au sein d’une communauté autochtone de Oaxaca, au Mexique, pour confirmer l’intérêt qu’elle porte à la dynamique des mouvements sociaux et indigènes dans les Amériques. À l’emploi d’Alternatives depuis 2002, Catherine a d’abord travaillé comme chargée de projets et coordonnatrice du programme de communications et de mobilisation, ou elle s’est concentrée principalement sur le dossier du forum social mondial. Suite à un stage en économie sociale au Brésil, elle fait le saut dans l’équipe internationale et prend en charge les projets d’Alternatives dans les Amériques. Elle s’intéresse particulièrement aux pratiques novatrices d’économie solidaire et de développement local, ainsi qu’aux processus de transformation politique auquel nous assistons en Amérique du Sud.

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