Cette analyse a été étendue et renforcée par l’émergence d’une économie globale qui est largement menée par des compagnies transnationales basées dans des villes globales. Des études démontrent que ces villes globales, dont le nombre peut varier de 50 à 60, selon les estimations, se répartissent en trois grades d’importance et contrôlent plusieurs aspects de l’économie mondiale. Si elle est exacte, cette nouvelle réalité du 21e siècle comporte des conséquences déterminantes pour notre avenir et pour les politiques de la gauche.
Ainsi, en travaillant sur plusieurs aspects de la qualité de vie, tels que le logement, le zonage, l’aménagement urbain, sans oublier la santé, la pollution, la pauvreté, le chômage, le crime, le trafic automobile, le transport public ou les impacts du changement climatique, nous devons prendre en compte l’économie politique des villes. De plus, même si les populations urbaines sont plus affectées par certains des problèmes sociaux et économiques les plus graves, les villes au Québec sont largement ignorées par les gouvernements. Une partie de l’argent est soutirée de Montréal par les taxes provinciales et fédérales et les profits d’entreprises, plutôt que d’être retournée à la ville pour mieux répondre à ses besoins. Autrement dit, Montréal continue d’être saignée.
Dans plusieurs pays et régions où les villes sont en train de devenir des acteurs majeurs dans la sphère économique et politique, elles jouissent d’un plus grand pouvoir économique et politique que nous. Elles possèdent donc un plus grand degré d’autonomie. Ce développement s’accompagne d’une démocratie civile constante et organique, qui crée une nouvelle relation entre le gouvernement local, la société civile et les mouvements sociaux. Le dynamisme économique et politique semble aller de pair avec une nouvelle prise de décision urbaine, citoyenne et participative.
Les livres de la grande urbaniste Jane Jacobs, The Economy of Cities et Cities and the Wealth of Nations ont critiqué l’économie traditionnelle et n’ont pas manqué d’influencer le Nobel en économie Robert Lucas et des économistes d’urbanité de Harvard, du MIT ou de l’Université de Chicago. L’analyse de Mme Jacobs a défié la prémisse d’Adam Smith selon laquelle la « division du travail » constitue la première source de développement économique. Et on pourrait aussi ajouter à cette liste incontournable les travaux de Saskia Sassen, de l’Université de Chicago, de même que ceux de son réseau international de collègues qui étudient le rôle et l’impact des cités sur l’économie.
Le 4e Sommet Citoyen, grâce à ses nombreuses tables rondes, ateliers et invités, tentera lui aussi d’améliorer la compréhension des villes. En particulier en ce qui concerne Montréal. Il va de soi que la question de l’économie des villes sera liée à celle de l’environnement, à la diversité culturelle et, par-dessus tout, à la démocratie. Inséparables les uns des autres, ces thèmes nous permettront de réaffirmer notre intérêt pour le « Droit à la ville ». Mieux, ils nous font espérer que le 4e Sommet Citoyen fournira, à travers les discussions et les débats, les clefs du changement social et politique.