Les Mots Dangereux !

mercredi 24 février 2010, par Michel LAMBERT

La capitale nationale célèbre du 21 au 27 février la semaine de la liberté d’expression 2010. Cette semaine a pour but d’inciter les Canadiens à réaffirmer leur engagement face à la liberté d’expression telle que garantie par la Charte des droits et libertés de 1982.

Or, les attaques en règle du gouvernement Harper contre Droits et Démocratie, les sombres coupures à l’organisation Kairos de même que les menaces de coupures à Alternatives sont toutes, justement, liées par des questions d’opinion ce qui soulève nombre d’enjeux en fonction justement de nos actuelles libertés d’association et d’expression au Canada.

Le Ministre conservateur Jason Kenny a déclaré à Jerusalem que Kairos avait été coupé sur la base de son support à la campagne internationale visant le Boycott économique d’Israël. Il y a 15 jours, le « Embassy Magazine » distribué sur la colline parlementaire révélait que toutes les rumeurs à Ottawa concernant les coupures à Alternatives tournaient aussi essentiellement autour de nos positions vis-à-vis Israël. Je ne m’étale pas davantage sur le débat autour de Droits et démocratie qui se situe bien évidemment autour de la fameuse même question, celle de la critique des politiques d’occupation que l’État d’Israël imposent aux palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.

En cette semaine de la liberté d’expression, la question se pose en des termes simples. Est-il admissible qu’un gouvernement, si conservateur fut-il, tente de réduire au silence les organisations citoyennes sur la base de leurs écrits ou de leur travail d’information ? Les citoyens canadiens peuvent-il admettre que leurs organisations de solidarité internationale soient ainsi pris à la gorge si elles souhaitent maintenir leur travail en Cisjordanie ou à Gaza en appui à une population cent fois martyrisée ? Faut-il, pour maintenir leurs relations avec l’ACDI, que les canadiens « refoulent » leurs opinions par rapport à des situations inacceptables sur le terrain et surtout nient les faits quant au rôle que l’État canadien pourrait jouer pour changer des choses ??

Des idées « interdites » !

Aujourd’hui c’est Israël.. mais de quoi sera fait demain ?? L’aide internationale doit tout simplement être dépolitisée !! Il est dangereux quand des groupes comme Alternatives constatent que leur travail, reconnu par ailleurs, en Afghanistan, en Haïti, en Irak, en RDCongo, etc… soit pénalisé parce que en parallèle, ils organisent des campagnes d’information sur la question palestinienne avec leurs ressources propres.

Il est impératif que les groupes de citoyens puisse se réapproprier de ces opinions qui ne sont plus libres de circuler au Canada et des audiences populaires sur la question de la liberté d’expression impliquant tous les secteurs qui sont touchés par ces coupures idéologiques doivent être organisées incessamment !

Dans ce contexte, le combat d’Alternatives pour accomplir sa mission est bien davantage qu’un combat pour un financement canadien. C’est un combat pour signifier à ce gouvernement que les citoyens de ce pays n’accepteront pas le muselage et le chantage et qu’ils n’accepteront aucun compromis sur leur liberté de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression.


monsieur Harper. En 2010, Alternatives International prépare la tenue du Forum mondial sur l’éducation… en Palestine !

À propos de Michel LAMBERT

Co-fondateur en 1994 puis Directeur général d’Alternatives entre 2007 et 2020, Michel Lambert fut Président de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale de 2017 à 2020. Il a travaillé au rapprochement des groupes et organisations de la société civile, d’ici et d’ailleurs pour la promotion des principes de la démocratie, de l’égalité et de l’équité pour tous.

Il a tour à tour développé plusieurs des programmes de solidarité internationale d’Alternatives en plus de lancer et animer de multiples campagnes de justice sociale au Québec et au Canada. Il a dirigé l’antenne d’Alternatives en République démocratique du Congo entre 2002 et 2005 avant de prendre la direction de l’organisation en 2007.

Michel Lambert fut membre du Conseil de Gouvernance d’Alternatives International , du Conseil d’administration d’Alliance syndicats et tiers-monde. Il a aussi été membre des Conseils de l’AQOCI entre 2009 et 2013, de l’Association pour le progrès des communications (APC) entre 2008 et 2011 puis entre 2017 et 2020 et de Food Secure Canada entre 2009 et 2012

Il a représenté Alternatives au Conseil International du Forum social mondial et au sein de diverses coalitions québécoises et canadiennes dont notamment, les coalitions Pas de démocratie sans voix, Voices/voix. le Réseau québécois de l’intégration continentale - RQIC et plus récemment au comité de coordination du Front commun pour la transition énergétique .

Michel Lambert a joué un important rôle de mobilisation et de construction lors du Forum social des peuples tenu à Ottawa en août 2014 .

En 2018, il confondait Cultiver Montréal, le réseau des agricultures montréalaises.

En 2020, il a contribué à la création du FISIQ, le Fonds d’investissement solidaire international du Québec.

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