Saïd K. Aburish, également auteur d’une biographie de Yasser Arafat, est journaliste, mais il a surtout été l’un des proches conseillers du dictateur irakien, maintenant déchu, pendant les années 70 et 80. C’est donc de l’intérieur qu’il nous raconte l’horrible personnage de Saddam Hussein et l’épouvantable destin du peuple irakien pris entre misère, violence et mépris.
L’auteur s’appuie sur ce qu’il a vu et entendu, sur les récits d’autres témoins clés de l’histoire politique, militaire, sociale et économique de l’Irak (parfois en exil mais pas toujours), sur des archives et des sources de première main. Recoupant les faits et les commentaires, il retrace ainsi l’histoire de l’Irak de l’enfance de Saddam à la veille de la Deuxième Guerre du Golfe.
Pour permettre au lecteur de bien comprendre comment Saddam a pu devenir Saddam, Saïd K. Aburish campe dans les premières pages l’univers familial, villageois et national dans lequel a grandi le dictateur. Enfin, le coup d’État de 1968, auquel participe Saddam, mais en ne jouant qu’un rôle mineur, contrairement à la légende qu’il fera circuler, le propulse au pouvoir.
Premier ministre pendant les 10 premières années, il est déjà roi et maître. Le président, Bakr, personnage de faible ambition, se réveillera trop tard, un peu comme Lénine à propos de Staline. Il est démissionné par Saddam, un coup d’État camouflé. Commencent les purges.
Pourtant, sous l’égide du raïs, le niveau de vie et de scolarité des habitants avait grandement augmenté. Mais les visées hégémoniques de Saddam, sa courte vue et sa violence provoquent la lente agonie du peuple irakien qui débute avec la guerre d’Iran. Les complicités meurtrières et l’hypocrisie de l’Occident, États-Unis, Angleterre et France en tête, sont mises à nu avec force détails.
Ouvrage énorme qui se lit… comme un roman. Incroyable, écœurant. Ce ne sont pas la vie de palais et la luxure où se sont bercés le dictateur et sa famille qui vous sont ici racontées. Avis aux amateurs de potins. Seulement, l’invraisemblance d’un homme, combiné à l’imbroglio de l’hypocrite balai diplomatique des pays occidentaux et arabes.